What the extreme right will not take us

La colorimétrie des demi-habiles ne connaissant que deux teintes, toute mise en cause de l’Europe, fût-elle rendue au dernier degré du néolibéralisme, est le commencement d’une abomination guerrière, toute entrave au libre-échange est la démonstration manifeste d’une xénophobie profonde, toute velléité de démondialisation l’annonce d’un renfermement autarcique, tout rappel au principe de la souveraineté populaire la résurgence d’un nationalisme du pire, tout rappel au principe de la souveraineté populaire en vue d’une transformation sociale, la certitude (logique) du… national-socialisme, bien sûr ! Voilà sur quel fumier intellectuel prospère le commentariat européiste quand, à bout d’argument, il ne lui reste plus que des spectres à brandir.

The worst, however, is due to the fact that these charges, where the grotesque disputes it for the vile, make their intimidation effects feel in the critical left, terrorized at the idea of the slightest suspicion of objective collusion with the FN, and whichGive itself a criterion so low of this state of collusion that the slightest look thrown on one of his ideas by the extremely right opportunists leads this left to abandon the idea - his idea - in the moment: irremediably defiled.On this account of course, the critical left will quickly end up dispossessed everything, and with the sole solution to leave the public debate naked in a barrel with suspenders. Comme on sait, sous couleur de ne pas donner prise aux accusations de « repli national », elle a laissé tomber de fait toute idée de mettre quelque entrave que ce soit au libre-échange puisque toute restriction à la libre circulation des conteneurs est une offense égoïste faite aux peuples des pays exportateurs – et la démondialisation y a été vue comme une inacceptable entorse à un internationalisme de principe. En bonne logique ne faudrait-il pas, à cette partie de la gauche, renoncer également à la critique de la déréglementation financière internationale au motif que l’extrême droite, elle aussi, en fait l’un de ses thèmes de prédilection, en conséquence de quoi la chose ne pourrait plus être dite ?

Right sovereignism, left sovereignism

« Repli national », en tout cas, est devenu le syntagme-épouvantail, générique parfait susceptible d’être opposé à tout projet de sortie de l’ordre néolibéral. Car si cet ordre en effet se définit comme entreprise de dissolution systématique de la souveraineté des peuples, bien faite pour laisser se déployer sans entrave la puissance dominante du capital, toute idée d’y mettre un terme ne peut avoir d’autre sens que celui d’une restauration de cette souveraineté, sans qu’à aucun moment on ne puisse exclure que cette restauration se donne pour territoire pertinent – n’en déplaise à l’internationalisme abstrait, la souveraineté suppose la circonscription d’un territoire – celui des nations présentes… et sans exclure symétriquement qu’elle se propose d’en gagner de plus étendus !

Prononcer le mot « nation », comme l’un des cas possibles de cette restauration de la souveraineté populaire, peut-être même comme l’un de ses cas les plus favorables ou du moins les plus facilement accessibles à court terme – précision temporelle importante, car bien sûr le jacquattalisme du gouvernement mondial, lui, a le temps d’attendre… –, prononcer le mot « nation », donc, c’est s’exposer aux foudres de l’internationalisme, en tout cas de sa forme la plus inconséquente : celle qui, soit rêve un internationalisme politiquement vide puisqu’on en n’indique jamais les conditions concrètes de la délibération collective, soit qui, les indiquant, n’aperçoit pas qu’elle est simplement en train de réinventer le principe (moderne) de la nation mais à une échelle étendue !

En ce lieu de la souveraineté, qui donne naissance à toutes les confusions politiquement intéressées, il pourrait être utile de commencer par montrer en quoi un souverainisme de gauche se distingue aisément d’un souverainisme de droite, ce dernier se concevant généralement comme souveraineté « de la nation », quand le premier revendique de faire droit à la souveraineté « du peuple ». Les tenants de la « souveraineté nationale » en effet ne se posent guère la question de savoir qui est l’incarnation de cette souveraineté, ou plutôt, une fois les évocations filandreuses du corps mystique de la nation mises de côté, ils y répondent « tout naturellement » en tournant leurs regards vers le grand homme, l’homme providentiel – l’imaginaire de la souveraineté nationale dans la droite française, par exemple, n’étant toujours pas décollé de la figure de de Gaulle.The providential man therefore, or all his possible successes, committees of wise, scholars, competent or some other quality, qualified avant-garde, etc.., c’est-à-dire le petit nombre des aristoi (« les meilleurs ») à qui revient « légitimement » de conduire le grand nombre.

Sovereignty seen from the left, it has no other meaning than the sovereignty of the people, that is to say the association as broad as possible of all interested in the making of the decisions which interest them. Le souverainisme de droite n’est donc rien d’autre que le désir d’une restauration (légitime) des moyens de gouverner mais exclusivement rendus à des gouvernants qualifiés en lesquels « la nation » est invitée à se reconnaître – et à s’abandonner.Left sovereignism is the other name of democracy - but finally understood in a sense as much demanding.

Faute de ces élémentaires distinctions, une partie de la gauche en est venue à ostraciser l’idée de souveraineté quand elle prétend par ailleurs lutter pour une extension de la démocratie… qui n’en est que le synonyme ! Démocratie, souveraineté populaire : une seule et même idée, qui est celle de la maîtrise par une communauté de son propre destin. On mesure donc les effets de captation et de terrorisme intellectuels de l’extrême droite, et les effets de tétanie de la gauche critique, à cette aberration d’auto-censure et d’intoxication qui a conduit cette dernière à abandonner l’idée de souveraineté, faute d’être simplement capable de se souvenir que, sous l’espèce de la souveraineté populaire, elle est l’une de ses propres boussoles idéologiques depuis la Révolution française !

Contre l’« armée de réserve » des sans-papiers : la régularisation !

It is very true, however, that the FN is a formidable skill in the shameless looting of the ideas of the critical left. Il aurait tort de se gêner puisqu’il ne vient personne pour lui rappeler les orientations foncièrement reaganiennes de sa « pensée économique » jusqu’au début des années 2000, ni lui faire observer les légères traces de pneu qui résultent d’un tête-à-queue idéologique aussi parfait – mais les journalistes politiques qui disent déplorer le dépérissement du « débat d’idées » ne sont visiblement pas très intéressés par ce genre d’idées… Le terrain de l’imposture intellectuelle ainsi grand ouvert, le FN s’avance gaiement, sans le moindre complexe ni la moindre vergogne, se goinfrant de thèmes de gauche pour mieux semer une réjouissante confusion, mais affinant également son art de couler ses obsessions xénophobes de toujours dans une critique du néolibéralisme de fraîche date.

Ainsi, dans cette veine, sa nouvelle empathie pour les travailleurs revient-elle périodiquement souligner que l’immigration irrégulière constitue une « armée de réserve » prête à s’employer aux pires conditions, et vouée par là à faire une concurrence déloyale aux salariés réguliers (on est invité à comprendre nationaux), notamment à tirer vers le bas les salaires.There would not be worse objection than that which would take refuge in the pure and simple denial of any effect of this kind. Car il est hautement vraisemblable que l’entretien d’une armée de réserve, et même d’une « sous-armée de réserve », constituée de travailleurs rendus au dernier degré de la précarité pour être exclus de toute protection légale, offre au patronat une formidable masse de main d’œuvre corvéable à merci avec, oui, pour effet de tirer vers le bas tous les standards sociaux, en tout cas de faire une concurrence directe aux salariés « réguliers » du niveau juste au dessus.

Ce que l’extrême droite ne nous prendra pas

Le MEDEF, lui, ne s’y trompe pas qui défend l’immigration avec des accents que ne renierait pas Harlem Désir : « Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage » déclare la main sur le cœur Laurence Parisot (1), inquiète des tours de vis de l’équipe Guéant-Sarkozy en 2011 qui pourrait bien tarir la source miraculeuse aux exploitables. « Je ne crois pas qu’il faille faire de l’immigration un problème », ajoute-t-elle avec un humanisme criant de sincérité.Of course - this is not a question of putting the government from then on back - Parisot does not fail to specify that immigration to which it thinks is immigration of legal work - but it isThe one of which Guéant proposes to reduce volumes...However, it would suffice for not much to imagine that Parisot would gladly extend the interbreeding and the reception of all cultures to less legal immigration, that, precisely which makes the best (sub) reserve armies.

We will note in passing that, in a characteristic asymmetry, the enthusiastic endos of immigration by the Medef is one of those bizarre rapprochements which curiously poses less problem than the recovery of demondialization by the FN ... but the essential is elsewhere.He is in the shameless instrumentation of immigration by employers as it gives symmetrically its material to extreme right xenophobia, which finds here the ideal means of making itself presentable by ripolizing itself with social criticism.Seen from afar, we will admire the tactical skill, because it is undeniably a very successful maneuver to make an unalterable background of racism under the most honorable outside of the concern for the working condition, the second, protestedfaith, allowing to implicitly vibrate all the strings of the first without seeming to touch it - sometimes also without bothering not to look like...

Nothing forces, however, to fall into such coarse schemes, especially since the ideological recovery capacities of the extreme right quickly reach their limit, in any case here we will make them reach them, and quickly. Car, au-delà de l’immigration légale à laquelle Laurence Parisot affecte de s’en tenir, on fera observer à Marine Le Pen qu’on règle très facilement le problème de la sous-armée de réserve des clandestins : par la régularisation intégrale ! Plus de clandestinité, plus de vulnérabilité ; plus de vulnérabilité, plus de chantage patronal, donc plus de salaires de misère ni de traitement de quasi-esclaves.The regularized will have the same wages and the same rights as the nationals and legal residents-to which they will belong-, thereby ceasing to create this depressional sub-Salary pocket which objectively produces all its effects of interior social dumping, and this'as much violently as we have pushed further the deregulation of the labor market.

Mow the nation to the FN

Better still: if it is obvious that the abandonment of any regulation of population flows is an indefensible aberration, it is no less obvious than the residents and the regularized who wish are fully intended to be integrated into French nationality.They are women and men who work, who contribute to the material and social life of the community, who pay their contributions and their taxes - them.

Instead of getting rid of the countryside and abandoning everything without even fighting, the critical left would do not only to stand a little firmly but also to think of a few countermeasures, way of returning against the FN its own processes.This question of immigration and regularization may offer the ideal opportunity to mow the nation, of which it was the monopoly and which it constituted in the toxic pole of public debate, but at the price of courseto have disfigured the idea.By a tetania effect as heartbreaking as characteristic, the critical left has not even made the effort to tackle it and, again, as with regard to the sovereignty of which it is obviously deeply united, the nation hasfound in fact returned to the idea that the extreme right has it - and to its only uses.

There against it, it must be said that the nation is in no way the ethnic fantasy that propagates the FN, and that we do not see in the name of what the left should abandon the idea of the open nation, playing the ground againstBlood, sitting on citizenship and on it alone, which was also bequeathed by the Revolution. S’il est vrai que, sous couleur de « République », on a longtemps bourré les crânes avec « nos ancêtres les Gaulois », ce temps-là est révolu. A quelque chose malheur étant bon, l’époque de crise profonde est on ne peut plus propice à expliquer, et dès l’école !, qu’appartenir à la nation s’apprécie en tout premier lieu par le respect de ses devoirs fiscaux, que cette appartenance n’est pas une affaire de naissance, encore moins de lignée (pour ne pas dire de souche…), mais d’une démonstration simple et permanente de citoyenneté comprise comme participation à une forme de vie commune dont la reproduction emporte naturellement des sujétions contributives. A ce compte-là, pour parler comme Le Pen, et aussi pour parler très différemment d’elle, on voit très vite qui est « vraiment français » et qui ne l’est pas – et c’est un nouveau crible qui va sans doute lui faire tout drôle, on attend de voir si elle va le récupérer celui-là.

Car voilà le nouveau paysage de la nationalité : Bernard Arnault ? Pas français. Cahuzac ? Pas français. Johnny et Depardieu qui se baladent dans le monde comme dans un self-service à passeports ? Pas français.The Mamadou and the Mohammed who sort in workshops in sweat, do the jobs that no one else wants to do, and pay their taxes are a thousand times more French than this breed of lords. Le sang bleu évadé fiscal, dehors ! Passeport et bienvenue à tous les basanés installés sur le territoire, qui, eux contribuent deux fois, par leur travail et par leurs impôts, à la vie collective, double contribution qui donne son unique critère à l’appartenance de ce qui, oui !, continue de s’appeler une nation – mais pas la même que celle du Front « National ».

Immigration et chômage ?

There is little fear that the FN will come and get us on this ground. Davantage que, dans sa comédie de néo-macroéconomiste, il vienne nous objecter que si la régularisation fait disparaître le « dumping interne » et la concurrence intra-salariale déloyale, elle ne règle rien à la concurrence intra-salariale « ordinaire », et même l’intensifie en faisant grossir une population active déjà confrontée à une pénurie objective d’emplois. Mais d’où vient cette pénurie elle-même ? Il faut toute l’emprise du biais xénophobe pour refuser de poser cette simple question et, par défaut – en fait par propos délibéré – faire des immigrés la cause générale, voire unique, du problème du chômage.

Or on ne répond à ce genre de question qu’en commençant par remarquer combien les liens entre démographie et emploi sont autrement plus complexes que ne le supposent ceux dont l’outillage intellectuel s’arrête aux quatre opérations de l’arithmétique élémentaire, pour conclure que si la démographie augmente alors le chômage aussi « puisqu’il y a plus de gens pour le même nombre d’emplois »… Il faudrait d’ailleurs que le FN finisse par arrêter une position car ce même argument qui cherche à singulariser les immigrés s’appliquera tout autant aux bonnes familles françaises, invitées par lui à croître et à se multiplier...Little French of strain, or immigrants, it will not change much to its simplistic unemployment equations ...

In truth there is no unequivocal determination as rudimentary between demography and unemployment.We know this since Fordism which has simultaneously experienced a galloping salary demography, especially due to the wage wage movement, and a radiant full-employment ... to the point that French employers did not fail to goMake massive recruitment campaigns in North Africa.In this case, far from fighting, population growth and employment support themselves: the influx of new employees employed injects more income in the economy, therefore more consumption, more demand ... and more job offers.Demographic growth therefore intensified the virtuous properties, also established, of the Fordian accumulation regime.

The regime that succeeds Fordism is quite different.To the exact opposite of what the neoliberal doctrine maintains, the general deregulation does not produce any growth: it is enough to compare in long period the average growth rate in Europe over periods 1945-75 and 1985-2013 for the casebe quickly heard. Les mondialisateurs libéraux répondent en général à ce genre d’objection en préférant détourner le regard vers les BRICS et autres pays émergents… à ceci près, comme l’a montré Rodrik (2), que le succès de ces pays doit tout ou presque… au fait qu’ils ont pris bien soin de n’appliquer aucune des recettes que leur préconisait le FMI, la Banque mondiale et l’ensemble des prescripteurs autorisés du néolibéralisme !

Dans le dispositif néolibéral tel qu’il s’est appliqué aux pays les plus industrialisés, un élément s’est révélé particulièrement nuisible, il s’agit du pouvoir actionnarial qui est l’un des « charmes » de la déréglementation financière. Les exigences de rentabilité des fonds propres en constant relèvement ont en effet conduit à passer à la trappe tous les projets d’investissement qui ne passent plus la barre des 15 %, et forcent les entreprises à se saigner en dividendes ou en buy-back pour rétrocéder leur cash « oisif » aux actionnaires – forcément il est « oisif » puisqu’on lui interdit de travailler à moins de 15 %...Neoliberalism is therefore a depression regime by inhibition shareholder inhibition of investment.

It is enough to add all the losses linked to the wide opening to relocations and the very distorted competition of free trade, plus the aberrant economic policies of austerity in times of crisis, to have all the structural data ofThe shortage of employment-which we see when it is characteristic of the deep orientations of the accumulation of capital in neoliberal regime, and that it does not have much to do with the presence of immigrants on our soil. Toutes choses égales par ailleurs, l’occupation des emplois par des immigrés nourrit la boucle macroéconomique « revenu-consommation-demande » et contribue à la création d’emplois pour tout le monde – raison pour quoi, en passant, le renvoi instantané de tous les immigrés que fantasme le FN n’améliorerait en rien la situation de l’emploi, au contraire !

But not all things are equal.Differs, therefore, the structural characteristics of the accumulation regime in force.It is on this side, and on this side only, that we must go and find the causes of unemployment, and not on the side of the skin color of those who occupy the posts.It is the depression form taken by the accumulation of capital in neoliberal regime which gives all the explanation of the job shortage.And these are the structures the first instance problem-not immigration.

Le FN ou la « réconciliation nationale »… sous l’égide du capital

Mais ce problème-là, le FN a-t-il quelque envie sérieuse de s’y attaquer ? Tout à son nouveau rôle, il clame vouloir faire la peau à la mondialisation et à la finance.Even or even.As attested by its long -term reversals, the FN is an ideological invertebrate when it comes to economy, where it has no other compass than opportunism.It turns out that he can count with a pair of frightened frightened and editorialists so that everything benefits him.But we are not forced to get caught.Nor to forget to remember what the great invariants of the far right are in France (and undoubtedly elsewhere): far from being, like a media lobotomy maintains the idea, the prerogative of the awful, dirty and dirty peopleNaughty, the extreme right is a project that appeals to a certain fraction of the bourgeoisie, and others, the bourgeoisie of the business in particular, would accommodate very well if they do not work of manifest support.

History has shown enough that the bourgeoisie had the political liberalism that stopped where its freedom to enhance the capital begins. Rien ne permet d’exclure formellement une remise au goût du jour du « Hitler plutôt que le Front populaire » si la situation « l’exigeait ».But above all nothing helps to doubt that the sociology of its ruling elites, and those they would recruit in the event of a coming to power, would lead the FN to carry out a policy in accordance with the interests of the capital, or let's say to passWith capital a political compromise, undoubtedly different from that of neoliberal globalization, but quite satisfactory for the preservation of its interests.

Read also "File: the extremes right to the offensive", Le Monde Diplomatique, January 2011.The extreme right ready to challenge the capital for workers is a fable that does not resist the analysis for a moment.Nor even less to the teachings of history. Car très loin de tout anticapitalisme, l’extrême droite est plutôt un rêve de « réconciliation nationale »… autour d’un ordre social dominé de fait par le capital. Aucun des fascismes n’a jamais cherché la confrontation avec le capital, tout au contraire : ils n’ont cessé de poursuivre la chimère d’un corps national fondu dans l’unité affective d’une appartenance mystique, cette fusion étant d’ailleurs explicitement conçue comme le moyen d’un dépassement de toutes les (inutiles) divisions « secondaires » – au premier rang desquelles le conflit de classes bien sûr…

C’est peut-être le Metropolis de Fritz Lang qui en donne la représentation la plus frappante, puisque, commençant à la manière d’un Marx cinéaste, campant la lutte des classes entre le sous-sol des prolétaires asservis et la surface de la bourgeoisie jouisseuse, il finit dans l’exaltation pré-nazie (3) de la réconciliation du capital et du travail, dont les personnages représentatifs finissent par triompher de leurs animosités respectives et se donner la main… sous le porche de la cathédrale !, soit exactement la trajectoire prévisible d’une Marine Le Pen qui tiendrait presque le discours de la lutte des classes, et emprunte tout ce qu’elle peut au discours de la gauche critique, mais finira à coup sûr dans le plus complet déni du conflit capital-travail – dont on sait qu’il est bien fait pour garantir et la domination et la tranquillité du capital –, et ceci au nom du « rassemblement » dans la « communauté nationale unanime ».

LEPENIST RECOVERIES AND MEDIATIC BRAYS

In the absence of these elementary corrections, intellectual and political errors are linked to each other. La gauche critique abandonne la souveraineté populaire et la nation-citoyenne à l’extrême droite qui les défigure en souveraineté du chef et nation ethnique ; et l’incapacité à qualifier, c’est-à-dire à affirmerle qualificatif pertinent – populaire pour la souveraineté, citoyenne pour la nation – suffit à rabattre ces deux idées sur les usages qu’en fait l’extrême droite, qui ne les fait plus exister implicitement que sous ses propres qualificatifs à elle – où l’on retrouve incidemment que les entreprises de récupération trouvent aussi leur possibilité dans la passivité de ceux qui se laissent dépouiller.

Now the sovereignty of the people inscribed in an elective citizenship, constituted in and by tax consent, is what it is constantly being attacked by neoliberalism, as evidenced by and technocratic confiscations (increased by the pure and simple power of the power ofmarkets ...), and the generalization of the tax evasion of the wealthy.It is certain that the fight against neoliberalism is singularly complicated when one abandons the two themes both the most central politically and the most likely to make, rightly, lever in public opinion ...

We understand better then, in this void created by an intellectual desertion, than militants, even advertising, sincerely on the left, end up getting seriously leaving by the wrong side - but the only remaining living, although for the worst, themes that are dear to them, bad side to which they give in under the captive skill of an extreme right which, as always in times of great crisis, knows how to dress from the tin of the social revolution.

Il leur suffirait pourtantd’aller creuser sous ces convergences trompeuses, et d’interroger ceux qu’ils envisagent de se donner pour nouveaux compagnons de route sur la régularisation des sans-papiers, sur leur intégration entièrement justifiée dans la nationalité, sur la profonde bêtise de la « théorie » qui lie chômage et immigration, pour recueillir des réactions qui leur montreraient le primat de la compulsion xénophobe, la manière dont elle ordonne et même dont elle subordonne toute la « doctrine », et pour voir combien ce qu’on pourrait appeler le délire de l’homogène nourrit un fantasme de « communauté nationale », littéralement parlant le fantasme d’une communautéet non d’une société, c’est-à-dire d’une fusion qui impose son principe (mystique) à tous les clivages, à tous les dissensus… à commencer bien sûr par celui qui oppose le capital et le travail.

Le voile est bien mince qui sépare cet arrière-plan de toujours de l’extrême droite de la comédie « sociale » qu’il nous joue à l’avant-scène. La stratégie de la récup’ est à coup sûr d’une grande habileté ; elle n’a cependant rien d’irrésistible, il est même assez simple de remettre quelques pendules à l’heure, pour peu qu’à gauche, on n’ait pas le désir de se laisser contraindre à un strip-tease intégral.The thing is not only simple: it is the most urgent necessity. Elle l’est pour conserver des éléments de fond pertinents de la critique du néolibéralisme, elle l’est au moins autant pour ôter leur fourrage aux braiements médiatiques intéressés, trop content de se précipiter – « ah ! vous voyez bien ! » – sur la dernière récupération lepéniste, et dont l’empressement opportuniste à l’amalgame est le symétrique de celui du FN, l’un et l’autre également obstacles objectifs à la perspective de la transformation sociale.