Les conseils d'un professionnel pour moins stresser : « Il faut différencier l’urgent de l’important »

Psycho / Sexo • # Psycho, stress, anxiété, conseil, professionnel, livreparRino Gallo

Ce n’est un secret pour personne, la pandémie a engendré un important mal-être chez de nombreux individus...

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Dans son ouvrage « Prenez soin de vous », le psychiatre belge Xavier de Longueville offre un guide de survie mentale face au stress et pointe les conséquences de la crise sanitaire sur notre corps.

Quels sont les signes d’une santé mentale en défaillance ?

C’est une longue pente. Nous avons un système de stress extrêmement sensible et toujours actif. Il permet notamment de gérer toutes les informations de notre environnement. Quand ce système de stress est activé de manière chronique, les individus commencent à sécréter d’autres hormones, comme le cortisol, qui ont un effet physiologique sur le cerveau. Il existe trois grandes catégories de symptômes, à savoir les symptômes physiques, psychologiques et cognitifs. Quand le cerveau est sous stress, il élimine toutes les informations positives. Cela dit, c’est grâce à ce système de stress qu’on se lève le matin. Sans lui, nous n’avons plus de raisons d’arriver à l’heure à nos rendez-vous car on ne perçoit plus les potentiels dangers de nos comportements.

Quel impact a eu la crise sanitaire sur la psychologie des gens ?

Il y a un impact à deux niveaux. La crise sanitaire a engendré un stress supplémentaire pour notre système de stress. Cette pandémie était inconnue, imprévisible et totalement hors de contrôle. À côté de ça, les confinements nous ont privés d’une série d’éléments qui permettaient d’éliminer notre stress, comme faire du sport, voir des amis ou participer à des événements culturels. La crise sanitaire ajoutait donc plus de stress et retirait tous les moyens de le diminuer. Dans les stratégies d’adaptation au stress, il existe un élément important qui est la recherche d’informations face à un élément inconnu. C’est un réflexe de notre cerveau. Nous avons donc passé notre temps à regarder les réseaux sociaux en quête d’informations. Ça rendait les choses plus contrôlables, maîtrisables et compréhensibles.

Comment définiriez-vous l’hyperconnectivité ?

Les conseils d'un professionnel pour moins stresser : « Il faut différencier l’urgent de l’important »

C’est la stimulation sans cesse de notre système de stress. Selon une étude, on peut se concentrer trois à quatre minutes sans être dérangé. Désormais, les enfants n’arrivent même plus à 30 secondes tant le rythme des notifications est important. Ces notifi cations nous intéressent, c’est un petit stimulus qui attise notre curiosité. Il y a aussi des phénomènes de dépendance liés aux gratifi cations que l’on reçoit par les « likes » et les commentaires sur les réseaux sociaux. Ces réactions stimulent notre système de récompense. On cherche donc à l’extérieur l’estime de soi que l’on ne parvient pas à trouver à l’intérieur.

Selon vous, quelle est la meilleure façon de se déconnecter ?

Il faudrait désactiver toutes ces notifications qui troublent notre concentration et stimulent notre système de stress. Quand on se consacre à une tâche, il faut le faire entièrement. Même quand on regarde la télévision, il est préférable de poser son téléphone. Personne n’est multitâches. Certaines personnes ont une plus grande flexibilité mentale et peuvent passer plus facilement d’une tâche à l’autre, mais il faut différencier l’urgent de l’important. Est-ce vraiment urgent de répondre à ces mails ou puis-je me donner un peu de temps ? Quand on adopte cette logique, il n’y a plus vraiment d’urgence.

Quel regard portez-vous sur les pratiques de yoga et de méditation qui ont connu un engouement pendant les confinements ?

Je suis favorable à ces méthodes qui permettent de retrouver un peu de sérénité et une image de soi plus positive. Je prescris souvent la méditation à mes patients. C’est un outil parmi d’autres pour lâcher prise. Selon moi, il y aurait un réel avantage à inculquer ces techniques à l’école et dans un cadre spécialisé. Les enfants sont en pleine formation de leur cerveau. Il est très important pour eux d’atteindre cet état d’apaisement. J’ai moi-même suivi une formation à la méditation de pleine conscience, une thérapie qui mélange la méditation orientale avec des techniques psychothérapeutiques. Elle m’a permis de trouver un équilibre de sommeil.

Le télétravail a-t-il réellement des avantages ?

Il permet de ralentir le rythme. C’est excellent pour l’équilibre et la santé. En revanche, le contact social est tout aussi important pour notre bien-être. C’est tout ce qui est informel comme la petite histoire qu’on se raconte à la machine à café. Avec le télétravail, tout se passe par téléphone ou visioconférence, on se briefe sur la journée et on se retrouve seul toute la journée. Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes des animaux sociaux. On a besoin de contacts humains qui nous permettent d’aller bien. Il faut trouver un équilibre. Moi, je suis favorable à un temps partiel de télétravail.

En détail

« Prenez soin de vous »

Xavier de Longueville avec Vincent Liévin

(Éditions Kennes)

288 pages