Héroïnes noires : comment se sont-elles imposées sur nos écrans ?

Bonne nouvelle. Il y a de plus en plus de femmes noires représentées dans le cinéma et les séries. Mais il en a fallu des étapes pour y arriver : plafond de verre, stéréotypes de rôle tenaces, injonctions à avoir un certain physique pour passer comme actrice protagoniste... Ces obstacles s’effacent doucement, notamment grâce à la montée de créateurs et de créatrices noires dans l’industrie du cinéma. Mais la diversité et le réalisme des profils d’héroïnes racisées restent encore à travailler !

Le manque de représentation de femmes noires dans les séries

Alors que 13 % de la population américaine est afro-américaine, le manque de représentation est flagrant dans l’industrie du cinéma américain. Ce serait à partir des années 70 que les héroïnes noires auraient commencé à apparaître dans des programmes jusqu’alors majoritairement blancs, portées par les mouvements des droits civiques noirs-américains.

Bien sûr, si l’on pense à des séries pour ados des années 90 et 2000 comme Sister sister, Phénomène Raven ou encore Le Prince de Bel Air, on peut se dire qu’il y a des femmes noires dans les séries télévisées depuis longtemps. Mais selon le magazine Madmoizelle, leur présence était surtout cantonnée aux sitcoms avec des castings majoritairement noirs. Ce qui représenterait une ségrégation, évidente dans les séries du même genre comme Dawson, Buffy contre les vampires, Newport Beach, Freaks and Geeks ou encore Beverly Hills. En effet, ces programmes au casting principal 100 % blanc ne comptaient aucun personnage racisé, et encore moins des femmes noires.

Plus d’actrices noires récompensées

Pour atteindre de premiers rôles plus « prestigieux » dans des séries, les femmes noires ont dû attendre 2015. Cette année-là, l’actrice Viola Davis avait remporté un Emmy - le prix de la meilleure actrice dans une série dramatique - avec How To Get Away With Murder. Dans cette série produite par Shonda Rhimes, Viola Davis est Annalise Keating, une femme complexe, incarnant le pouvoir, la bisexualité, l’alcoolisme au féminin, la manipulation. Un rôle habituellement donné aux femmes blanches. L’actrice a d’ailleurs profité de cette remise de prix pour évoquer « la ligne invisible » séparant les actrices noires des premiers rôles.

Héroïnes noires : comment se sont-elles imposées sur nos écrans ?

La bonne nouvelle est que les actrices noires sont de plus en plus récompensées. Mais la victoire de l’actrice Andra Day aux Golden Globes 2021 pour The United States vs. Billie Holiday a tout de même créé la surprise. Et pour cause, ce n’était que la deuxième femme noire à recevoir ce prix, après Whoopi Goldberg en 1985, il y a… 36 ans.

Le cas de la meilleure amie noire

Aujourd’hui, une nouvelle série sur une plateforme de streaming comme Netflix ne passera pas si elle ne propose pas un minimum de diversité raciale et sexuelle dans son casting. On peut penser aux nouvelles séries adolescentes à succès comme Emily in Paris, Stranger Things, Sex Education, Elite, Les nouvelles aventures de Sabrina… Ces séries proposent en effet des héros et héroines blanc.he.s, et des femmes noires ou racisées mais... en second plan, souvent en tant que meilleur.e.s ami.e.s du/de la protagoniste.

Les personnages racisés se trouvent encore enfermés dans certains stéréotypes : la meilleure amie noire, la psychologue noire… Des rôles qui s’écartent alors des devants de la scène, qui se résument à être des aides, des conseiller.ère.s, des observateur.trice.s pour le/la protagoniste blanc.he.

De plus, on remarque que les scénaristes blanc.he.s proposent à leurs personnages secondaires racisés des dialogues avec des blagues sur le racisme - qu’il.elle.s ont écrit - pour montrer que la série est consciente des problématiques raciales. Une manière de se détacher des possibles critiques en bonne conscience....

Le besoin de plus de diversité dans les rôles des femmes noires

Si la représentation des femmes noires dans les séries et le cinéma a bel et bien évolué, il faut rester toujours vigilant.e.s sur le rôle qu’elles exercent dans la création. Pour cela, c’est aux créateur.trice.s d’intégrer des personnages noirs moins stéréotypés, plus complexes. Mais il s’agirait aussi de laisser les commandes aux cinéastes racisés, pour être dans une lecture cinématographique plus proche des réalités de nos sociétés.

En France, les chiffres du CSA montrent également la pauvreté du paysage et des rôles proposés aux personnes issues de la diversité : « Noire n’est pas mon métier », proclamaient 16 comédiennes au Festival de Cannes en 2018. Il y a encore du chemin à parcourir !

Et vous, pensez-vous que les films et séries d’aujourd’hui sont assez inclusifs ? Venez en discuter sur le forum de The Body Optimist.