Cash Investigation dénonce la gestion des déchets dans un documentaire Déchets

Les déchets préoccupent les chaînes de télévision. Après le reportage de Zone Interdite "Déchets : les grands mensonges du recyclage" diffusé le 14 octobre sur M6, c’est au tour de l’équipe de Cash Investigation de se pencher sur le sujet. L’émission intitulée "Déchets : la grande illusion" sera diffusée ce jeudi 11 novembre sur France 2. En préambule, le documentaire rappelle le chiffre de la Banque mondiale qui annonce une hausse de 70 % des déchets en 2050, si rien ne change. Les journalistes ont donc voulu vérifier si les choses changent.

Dans ce domaine, la France est loin d’être un modèle : elle brûle encore plus d’un tiers de ses ordures ménagères, soit 12 millions de tonnes par an, dans les 122 incinérateurs que compte le pays. Or ces déchets incinérés produisent des cendres, le mâchefer, dont une partie, toxique, est encore stockée ou enfouie. L’équipe de Cash Investigation a ainsi collecté des milliers de données pour établir le classement des bons et mauvais élèves de l’incinération et du recyclage.

Les journalistes ont aussi voulu comprendre le problème à la racine : depuis les centres de tri de Citeo, l’éco-organisme chargé de recycler les emballages, et de Paprec, le numéro un en France de la collecte et du recyclage de déchets. Le documentaire de 100 minutes confronte ainsi les engagements des industriels aux faits. Alors que les professionnels martèlent que tous les déchets plastiques peuvent atterrir dans la poubelle jaune et seront recyclés, la réalité est tout autre.

Les journalistes obtiennent des engagements

Cash Investigation dénonce la gestion des déchets dans un documentaire Déchets

Pour mieux cerner le problème, l’un des journalistes s’est fait engager dans une usine de recyclage de Paprec. En caméra cachée, il a filmé son quotidien avec des collègues en souffrance. Elise Lucet a ensuite présenté au président du groupe, Jean-Luc Petithuguenin, les constats de Cash Investigation. Le dirigeant a pris des engagements devant l’équipe de télévision, notamment celui d’engager en CDI les nombreux salariés en intérim.

L’équipe de journalistes a également obtenu des promesses de la ministre de l’Écologie sur un tout autre sujet - également traité dans le documentaire - celui de la méthanisation. Les grands groupes s’intéressent à cette nouvelle vache à lait qui transforme la bouse de vache en gaz de ville ou en électricité. Mais "accidents, pollutions, absence de contrôle… Dans les campagnes, la colère gronde contre ces méthaniseurs qui se multiplient partout dans notre pays", alerte le documentaire. Barbara Pompili s’est engagée à mieux contrôler cette technologie, aujourd'hui subventionnée par l'État.

L'espoir est permis puisque le documentaire présente aussi une solution efficace pour réduire les déchets. La redevance incitative pour l’élimination des ordures ménagères de Besançon a, en effet, fait ses preuves. Depuis 2008, les 116.000 habitants de la ville paient des taxes en fonction de la quantité de déchets jetés. Cette mesure a permis de baisser le poids des poubelles d’ordures ménagères de 37 % en 13 ans et de fermer l’un des trois fours d’incinérateur.

L’émission "est assez juste et très pédagogique, mais j’ai le sentiment d’un petit manque de perspectives", souligne Alexis Lemeillet, co-fondateur de Take a waste. L’expert en prévention et gestion des déchets confirme que "tous les emballages plastiques ne sont pas recyclés". Mais il rappelle que c’est "l’objectif de la modernisation des centres de tri qui est progressive jusqu’à fin 2022". Le spécialiste ajoute que la loi interdira les emballages plastiques non recyclables en 2025. Par ailleurs, il regrette que la conclusion pertinente du documentaire "continuons à trier mais surtout consommons moins" ne soit pas étayée !

Mathilde Golla @Mathgolla