Madrid : quatre palais (méconnus) de la capitale ibérique à explorer

Dynasties royales, intellectuels et aristocrates ont offert à la capitale espagnole un patrimoine et des collections exceptionnelles souvent méconnus. Jamais loin des adresses à la mode, ces lieux rares dessinent un jeu de piste où se mêlent l’histoire artistique de l’Europe et la création moderne. Visites, presque en exclusivité, des palais de Liria et de Cristal, du musée Cerralbo et de la Fondation Lázaro Galdiano. Qui pourront être complétées par une balade au fil des œuvres de Francesco Sabatini, l’architecte baroque qui a dessiné Madrid et dont on célèbre les 300 ans de sa naissance jusqu’à fin 2021.

Goya chez les derniers Stuart

Édifié au XVIIIe siècle à deux pas de la place d’Espagne, puis détruit pendant la guerre civile, le palais de Liria a retrouvé sa splendeur originelle, méticuleusement rebâti par la famille d’Albe. Carlos Fitz-James Stuart, actuel duc et chef de la maison, a entrouvert les lieux à la visite depuis moins de deux ans. À pas feutrés, on se laisse guider vers une dizaine de salons dévoilant la fabuleuse collection de peintures composée d’œuvres du Titien et de Rembrandt. L’acmé de la visite reste la découverte du salon dédié à Goya au premier étage et son somptueux Portrait de la duchesse d’Albe. Au rez-de-chaussée, la bibliothèque abrite la correspondance de Christophe Colomb et la première édition de Don Quichotte datant de 1605. Enfin, de nombreux tableaux et souvenirs évoquent l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui s’est éteinte ici en 1920.16 € la visite, réservation obligatoire via le site avec guide en français, www.palaciodeliria.comDormir : Only You Madrid, dans un ancien palais du XIXe siècle. À partir de 110 € la nuit, www.onlyyouhotels.com

Avec un marquis archéologue

L’amour du beau rend exigeant ou méfiant. Enrique de Aguilera y Gamboa, 17

e marquis de Cerralbo, cède son palais et ses collections à l’État espagnol en 1922 à la seule condition qu’aucune œuvre ou antiquité ne soit déplacée. La disposition du mobilier n’a donc pas bougé depuis la disparition du marquis, un rare témoignage à Madrid d’une demeure aristocratique demeurée intacte. Superbes bustes d’empereur romain et œuvres du Tintoret et d’El Greco témoignent du goût très sûr d’un collectionneur éclairé. La célèbre peinture de l’Immaculée Conception de Francisco de Zurbaran a été acquise lors d’une vente aux enchères de la collection Marqués de Salamanca, qui a eu lieu à l’Hôtel Drouot à Paris en 1875. Désormais, le musée ouvre au public les portes des salons d’hiver, dont la Salle de l’oratoire, où est exposée La Vierge à l’Enfant de Van Dyck.3 € l’entrée, billetterie en ligne, www.culturaydeporte.gob.es/mcerralboDormir : Héritage, élégant hôtel Relais & Châteaux dans un bâtiment Belle Époque. À partir de 266 € la nuit, www.heritagemadridhotel.com/fr

Chez un gentilhomme bibliophile

Comme la plupart des édifices du quartier de Salamanca, le style architectural du palais de la Fondation Lázaro Galdiano, construit au début du XXe siècle, est inspiré par les pavillons des expositions universelles de Paris en 1889 et 1900. Son ancien propriétaire, l’éditeur et collectionneur José Lázaro Galdiano, a également offert ses biens à l’État espagnol. À son décès en 1947, il est détenteur d’une bibliothèque de vingt mille ouvrages et d’une riche collection d’art, dont des peintures de Velasquez et de Lucas Cranach l’Ancien. Depuis, la fondation de José Lázaro Galdiano veille sur ce patrimoine et a régulièrement marqué l’histoire culturelle espagnole par la qualité de ses publications et par ses engagements. Les amateurs ne manqueront pas le Saint François en extase d’El Greco, une de ses premières peintures. Et ils découvriront ses lettres autographes envoyées à son ami d’enfance Martin Zapater et richement illustrées. Enfin, dans un des salons, l’art contemporain s’immisce discrètement avec l’exposition de l’œuvre du plasticien Olafur Eliasson, A View Becomes a Window, composée de neuf livres de verre.7 € l’entrée, achat des billets sur place, www.flg.esDormir : Gran Hotel Inglés, le petit et très discret palace historique de Madrid rénové par David Rockwell, membre de The Leading Hotels of World. À partir de 350 € la nuit, https://fr.lhw.com/hotel/Gran-Hotel-Ingles-Madrid-Spain

La tentation de l’art contemporain

Dans le parc de Retiro, le Palais de Cristal, de verre et de métal, a été imaginé par l’architecte et archéologue Ricardo Velázquez Bosco à la fin du XIXe siècle. Il souhaite à l’époque y accueillir une exposition consacrée aux Philippines, dans la veine des grandes explorations de l’époque. Le tropisme tropical n’est plus d’actualité, on y contemple à présent la création moderne. Propriété du Musée Reina Sofia, le Palais est le terrain de jeu préféré des curateurs de l’institution qui aiment investir les lieux et présentent d’ambitieuses expositions monographiques. Telle celle du plasticien philippin Kidlat Tahimik qui, jusqu’au 6 mars, présente ses gigantesques installations inspirées du monde du cinéma avec un thème générique lié à l’histoire coloniale de l’Espagne et des Philippines. En marge de cette programmation, les plus curieux apercevront également les frises et les céramiques de Daniel Zuloaga, artiste du XIXe siècle, qui a fait ses études à la Manufacture de Sèvres, et poursuivront enfin la visite de Retiro par le palais de Velázquez signé du même architecte.Entrée gratuite, www.museoreinasofia.esDormir : Totem, une des plus jolies adresses du quartier de Salamanca et une excellente table. À partir de 175 € la nuit, www.totem-madrid.com

COUP DE PROJECTEUR

L’année Francesco SabatiniLa capitale célèbre les 300 ans de la naissance de l’architecte baroque italien qui a dessiné Madrid. Né à Palerme, le discret Sabatini suit le roi Charles III de Naples à Madrid en 1758. Il termine les travaux du Palais Royal, dessine l’Hôtel Royal des Douanes, le Palais de Godoy, l’ancien hôpital qui accueille aujourd’hui le musée d’art moderne Reina Sofia et participe à la reconstruction de la Plaza Mayor. Conférences et visites guidées se succéderont jusqu’en janvier 2022 et, depuis novembre, une exposition dédiée à l’architecte se tient au centre culturel Fernan Gomez.https://sabatini2021.com

CARNET PRATIQUE

Précis de formalités sanitairesTous les touristes se rendant en Espagne par voie aérienne ou maritime devront remplir un questionnaire de contrôle sanitaire. Une fois ce formulaire complété et signé, le voyageur recevra un QR code associé à son voyage qu’il devra conserver sur son téléphone ou imprimer afin de pouvoir passer le contrôle sanitaire aéroportuaire. Les visiteurs devront également présenter soit le certificat Covid numérique de l’UE, soit un certificat justifiant d’une vaccination complète contre le Covid-19 depuis au moins 14 jours, soit un certificat de test de dépistage avec résultat négatif, délivré dans les 48 heures (test antigénique) ou dans les 72 heures (test PCR) précédant l’arrivée sur le territoire, soit un certificat de rétablissement du Covid-19.

Le bon usage du masqueObligatoire dans les transports et les espaces fermés. Non obligatoire pour les activités à l’air libre, telles que profiter de la plage, faire des promenades ou participer à des événements, si la distance interpersonnelle de sécurité, établie à 1,5 m, est respectée.

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