Multiplication des fusillades Les contrôleurs routiers réclament une arme de service

La multiplication des fusillades et les récentes attaques armées visant des représentants des forces de l’ordre inquiètent les contrôleurs routiers. C’est pourquoi leur syndicat urge Québec de leur permettre de porter une arme de service, à l’instar des autres agents de la paix. Des contrôleurs se sont d’ailleurs « mis à risque » jeudi en intervenant auprès d’un homme armé à La Prairie.

Publié le 3 sept. 2021Louis-Samuel Perron La Presse

« On est les seuls parmi les six corps d’agents de la paix qui ne sont pas armés au Québec ! On est la police des véhicules lourds. Le trafic d’armes et la drogue, ça rentre par des camions. C’est dirigé par le crime organisé. Pourtant, on est dépendant de la police », déplore en entrevue Éric Labonté, président de la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec (FCCRQ).

Il est important de ne pas confondre les signaleurs routiers sur les chantiers de construction avec les contrôleurs routiers, qui sont des agents de la paix. Les quelque 300 contrôleurs routiers au Québec peuvent ainsi procéder à des arrestations et appliquer 16 articles du Code criminel.

Pas plus tard que jeudi à La Prairie, des contrôleurs routiers ont participé à l’arrestation d’un homme en train de courir avec un « 12 tronçonné ». Une intervention « très dangereuse », selon M. Labonté, puisque les contrôleurs n’avaient pas d’armes à feu.

Multiplication des fusillades Les contrôleurs routiers réclament une arme de service

« Ils ont mis leur veste pare-balles. Ils avaient seulement leur bâton et du poivre de Cayenne. Ils ont dit à l’homme de lâcher l’arme et lui ont passé les menottes. Ils se sont mis à risque », raconte le président du syndicat.

Cet été, dans la région de Val D’Or, des contrôleurs routiers ont intercepté un chauffeur recherché par la police. L’homme était considéré comme étant « dangereux », « très violent » et possiblement armé. Or, les agents de la paix ont dû attendre les policiers, qui ont arrêté le suspect arme au poing.

Éric Labonté déplore que le travail de ses membres soit « assez dangereux » pour avoir une veste pare-balles, mais pas « assez » pour avoir une arme à feu. « Avec toutes les fusillades, nos patrouilleurs sont très inquiets, surtout notre bureau de Montréal-Est, dans les secteurs chauds de la province », ajoute M. Labonté.

Les attaques visant des policiers, comme dernièrement en Beauce et à Montréal, près du CUSM, préoccupent particulièrement le président du syndicat.

C’est pourquoi il appelle la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault de « cesser de tergiverser », alors que son syndicat demande depuis trois ans au gouvernement Legault d’obtenir le droit du port d’arme.

Au cabinet de la ministre Guilbault, on assure être « ouvert » à rencontrer le syndicat « en temps opportun dans les prochaines semaines ».

« Les statuts de constable spécial et de policier comportent des risques. Les contrôleurs routiers font un bon travail. La communauté policière est là pour les appuyer quand cela est nécessaire et que la prudence est requise. La réflexion sur la réalité policière dans la foulée du rapport du Comité consultatif sur la réalité policière se poursuit », a commenté Amélie Paquet, attachée de presse au cabinet de la ministre Guilbault.