Xi Jinping et Joe Biden tentent d’organiser leurs divergences

« Mon vieil ami. » Lorsque le président chinois utilise une expression aussi courtoise à l’égard de son homologue américain, on saisit une intention, davantage qu’une attention. Dans le préambule – destiné aux caméras – de leur long échange, lundi 15 novembre à Washington, mardi 16 à Pékin, Xi Jinping et Joe Biden ont voulu, à défaut de se rapprocher, afficher leur pragmatisme et leur pondération.

Organiser les règles de la compétition entre leurs pays et éviter une confrontation ouverte qui ne profiterait à personne : c’était l’objectif de cet entretien vidéo de près de trois heures et demie. De part et d’autre, ces dernières semaines, des signaux clairs avaient été envoyés en ce sens, malgré les accès de fièvre ponctuels sur Taïwan. Mais le message formel ne doit pas cacher les divergences profondes sur le fond, les sujets de tension et les champs de concurrence exacerbée.

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Deux salles se faisaient face, avec des décors très différents. A Washington, Joe Biden avait pris place dans la Roosevelt Room de la Maison Blanche, au bout d’une table où s’étaient aussi installés ses plus proches collaborateurs pour la politique étrangère, notamment le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, et le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan.

Xi Jinping et Joe Biden tentent d’organiser leurs divergences

Xi Jinping, pour sa part, s’exprimait dans une immense pièce du Palais du peuple, à Pékin, devant un écran de cinéma où apparaissait son homologue. Il était entouré par trois diplomates et par Liu He, le vice-premier ministre chargé des questions économiques. Selon un haut responsable de la Maison Blanche, la conversation par vidéo a été bien plus dynamique qu’un simple appel téléphonique. Les deux dirigeants n’ont pas collé au script prévu, fait des allers-retours, se sont interpellés en se citant mutuellement.

Navires gigantesques

Réclamant d’emblée le « respect mutuel » entre les deux grandes puissances, le dirigeant chinois a souhaité davantage de « communication et de coopération ». Il a comparé les deux pays à des navires gigantesques, en pleine mer, fracassant les vagues et cherchant à conserver leur cap et leur vitesse. Xi Jinping a lancé un avertissement au sujet de l’instrumentalisation de Taïwan pour contenir les ambitions de la Chine : « Quiconque joue avec le feu sera brûlé. » Pour Xi Jinping, « la Chine est patiente et de bonne foi et fera tous ses efforts pour aboutir à une réunification pacifique, mais, si les indépendantistes taïwanais provoquent et franchissent la ligne rouge, nous serons obligés de prendre des mesures de façon décisive ». Joe Biden a répété les points essentiels de la politique américaine vis-à-vis de la Chine : pas de reconnaissance officielle de Taïwan ; pas de volonté de déstabilisation intérieure contre le régime chinois.

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