Debbie apporte un peu d'Inde au Luxembourg

«En fait, je n'avais absolument aucun rapport avec le design», admet Debbie Kirsch en racontant comment est née sa marque de mode Devï. La jeune femme de 27 ans, originaire de Stadtbredimus, a créé sa propre entreprise l'année dernière et ouvrira les portes de son pop-up store dans la zone piétonne de la capitale, où elle s'installera, rue Philippe II, pendant cinq mois, à compter de ce jeudi. La différence avec de nombreux autres magasins: Debbie vend de la mode durable, produite équitablement en Inde.

Mais qu'est-ce qui motive Debbie, exactement? «J'ai réalisé à quel point nous consommons de la mode sans conscience. La plupart du temps, nous ne savons même pas d'où viennent nos vêtements». Lorsqu'elle s'est rendue en Inde du Nord il y a trois ans, après avoir obtenu son bac en biologie et environnement, elle a remarqué un conteneur remplis de couches. Contrairement à ce qu'elle a d'abord pensé, elles n'étaient pas destinées à un jardin d'enfant. «Quand vous voyez quelque chose dans ce genre, c'est clair: il y a une usine de vêtements à proximité. Pour faire leurs besoins, les employés reçoivent une couche. Par jour».

«Je veux changer quelque chose au comportement d'achat des gens...»

À l'époque, Debbie passe cinq mois au sein de l'ONG Saheli Women, qui s'engage pour la production dans des conditions équitables. Debbie fait vite son choix: «Je veux vendre des vêtements». Les femmes qui travaillent fabriquent des pièces modernes uniques à partir de vieux tissus de sari et gagnent leur vie ainsi, et leur indépendance. «Il y a un peu d'autonomisation des femmes à chaque étape», explique Debbie. Parce que les 44 femmes sont en grande partie veuves, abandonnées ou sans-abri et vivaient en marge de la société indienne. Le commerce de vêtements leur a apporté les moyens financiers de s'offrir des maisons, des vaches, l'école pour les enfants ou encore des soins médicaux.

Debbie apporte un peu d'Inde au Luxembourg

En tant qu'entreprise responsable, elle veut apporter sa contribution à une consommation plus consciente et commercialiser professionnellement les vêtements de Saheli Women. Avec un certain succès jusqu'à présent. Devï a déjà fait partie d'une édition spéciale sur le développement durable de British Vogue et est aussi vendu dans deux magasins de New York. «Le Luxembourg, les femmes en Inde me demandent toujours où c'est. Mais elles connaissent bien sûr New York», raconte Debbie en riant.

«... mais j'ai besoin de consommation»

Le magasin de la capitale est la prochaine étape, pour la jeune entrepreneure. «Je veux faire avancer le label», dit-elle. Sa vision à long terme: une grande entreprise avec des vêtements recyclés issus de projets comparables dans d'autres pays. Après son retour d'Inde, elle a commencé avec de très petites ventes privées, puis a vendu la marque de temps en temps dans de petits magasins éphémères. Le fait que les vêtements soient si bien reçus est parfois un dilemme, pour Debbie.

«Je veux changer quelque chose dans le comportement d'achat des gens, en revanche j'ai besoin de consommation, pour cela». Afin de donner à ses clients une référence sur l'origine des vêtements, une petite photo avec l'histoire de la femme qui a cousu la pièce est jointe à chaque fois. «Je veux non seulement que la production soit éthique, mais qu'elle continue avec le client. Le tout est un projet de cœur».

(Miriam Meinecke/L'essentiel)