En pleine tourmente, Facebook se renomme « Meta »

Ne parlez plus de Facebook, dites désormais Meta. Mark Zuckerberg a dévoilé le nouveau nom de son groupe ce jeudi lors d'une conférence virtuelle, centrée sur le metaverse. Ce nom permet de « mieux refléter qui nous sommes », a déclaré le PDG. Le groupe s'est aussi doté d'un nouveau logo, un signe représentant l'infini, légèrement déformé pour évoquer la lettre M.

Depuis plusieurs mois, le fondateur du réseau social évoque à l'envi ses ambitions pour le metaverse, cet internet de nouvelle génération , où les utilisateurs pourront un jour circuler sous forme d'avatars, faire du sport, rencontrer des amis ou travailler. « A l'avenir, nous voulons être vus comme une entreprise du metaverse », a-t-il insisté ce jeudi.

Le groupe commercialise déjà un casque de réalité virtuelle qui permettra une expérience plus immersive dans cet univers. L'entreprise compte aussi sur ce changement de nom pour moderniser son image de marque, à un moment où les plus jeunes lui préfèrent souvent ses concurrents TikTok et Snapchat. Les marchés ont salué l'ambition de Facebook, dont l'action - rebaptisée Meta - grimpait de 1,5 % à la clôture.

VIDEO. Facebook va changer de nom et s'appeler Meta, annonce Mark Zuckerberg

Crise majeure

Le succès de cette stratégie « dépend essentiellement de la confiance des consommateurs », décrypte Mike Proulx, vice-président et directeur de la recherche chez Forrester. « Or, un sondage que nous avons réalisé montre que moins de la moitié (41 %) des adultes aux Etats-Unis font confiance à Facebook. Aux Royaume-Uni c'est 26 % seulement. Si la majorité des gens ne font pas confiance au réseau social, pourquoi lui feraient-ils confiance pour construire le metaverse ? »

Ce changement de nom intervient à un moment où Facebook doit faire face à une crise de réputation . Une ancienne employée, Frances Haugen, a eu accès à plusieurs dizaines de milliers de documents qui jettent une lumière crue sur de nombreux problèmes liés à la plateforme. Après une série d'articles dans le « Wall Street Journal » , la lanceuse d'alerte a transmis ces documents au Congrès américain, à la SEC, une autorité de régulation financière et à d'autres médias.

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Ces documents montrent notamment que les chercheurs employés par Facebook s'inquiètent de l'impact d'Instagram sur la santé mentale de certains adolescents , mais aussi que la firme investit beaucoup moins dans la modération de contenus publiés hors des Etats-Unis. Un manquement qui a été exploité par des trafiquants de drogues ou d'êtres humains .

Sans surprise, Mark Zuckerberg rejette l'idée que le nouveau nom vise à détourner l'attention des problèmes actuels de Facebook. « Je trouve que c'est une idée ridicule », a-t-il déclaré à The Verge avant la conférence. « Au contraire, je ne pense pas que ce soit le genre d'ambiance dans laquelle vous voulez annoncer une nouvelle marque ».

Investissement massif

Pour le PDG, le nouveau nom vise avant tout à refléter l'évolution du groupe. Cette année, Facebook va investir 10 milliards de dollars dans le metaverse, ce qui représente environ un mois de revenus de la firme californienne. Le groupe a par ailleurs annoncé son intention de recruter 10.000 personnes en Europe en cinq ans pour travailler à l'essor de ce monde virtuel.

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Pendant la conférence, Mark Zuckerberg a détaillé sa vision pour le metaverse, tout en admettant que le chemin sera long pour y parvenir. L'entreprise va bientôt présenter un nouveau casque de réalité virtuelle, plus cher et plus perfectionné que l'Oculus Quest 2. Il pourrait aussi lancer des objets de réalité augmentée, même si le premier modèle de lunettes connectées , lancé par Facebook en septembre, n'est pas encore doté de telles capacités.

Au-delà du matériel électronique, des ingénieurs chez Facebook travaillent aussi à des logiciels visant, par exemple, à créer des avatars aussi réalistes que possible. Ce qui présente toute une série de défis techniques pour représenter les mains, les vêtements ou les expressions faciales.

Réorganisation du groupe

Le 25 octobre, le groupe avait déjà annoncé qu'il changerait sa façon de publier ses résultats , en présentant séparément les revenus de sa famille d'applications (Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp) et ses investissements futurs dans le metaverse.

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Le patron a déclaré avoir appris de ses erreurs, assurant que le metaverse serait construit « de façon responsable » dès le départ. Il a profité de la conférence pour envoyer une pique à son rival Apple, affirmant être « arrivé à la conclusion que le manque de choix et les prix élevés étouffent l'innovation, empêchent les gens de construire de nouvelles choses et retardent toute l'économie numérique ».

Le nouvel Apple ?

En contribuant à l'essor du metaverse, Facebook espère bénéficier d'atouts similaires à ceux d'Apple ou Google aujourd'hui. La firme de Tim Cook a décidé, l'année dernière, que les utilisateurs d'iPhone pourraient choisir s'ils veulent être traqués, ou non, à des fins publicitaires, ce qui a mis en danger les revenus de Facebook.

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Le groupe de Mark Zuckerberg voudrait avoir davantage de contrôle sur la façon dont ses utilisateurs accèdent à ses services. « A un moment, pendant la prochaine décennie, il va y avoir une nouvelle plateforme », estime Mark Shmulik, analyste chez Bernstein, auprès de Bloomberg. « Donc leur vision consiste à dire que lorsque les choses changent, nous voulons être le nouvel Apple ou Google ».