Des habits neufs avec des vieux : l’upcycling à la mode en Bigorre

Faire du neuf avec du vieux, l’idée n’est pas nouvelle. Mais comme la mode est un éternel recommencement, il était finalement logique que les anciens habits retrouvent une seconde jeunesse. C’est le sens de l’upcycling, ce courant qui déferle dans l’univers textile autour d’une idée directrice : réutiliser des vêtements qui dorment dans les armoires pour créer des pièces uniques, toutes neuves.

À Tarbes, dans le showroom à l’étage des Nouvelles Galeries, Sophie Matéos et Uhaina Haet viennent de lancer des ateliers d’upcycling ouverts à tous. Ce vendredi, Dimitri, l’un des premiers élèves, transforme ainsi une vieille chemise et des bouts de tissu de sa grand-mère en un sac forcément unique. "Cette matière que ma grand-mère a gardée, on l’améliore en la recyclant, on lui donne de la valeur ajoutée" explique l’élève, tout en jouant de la machine à coudre. "C’est vraiment super même si c’est assez exigeant" souffle Eric.

Des pièces uniques

Car si la philosophie environnementale et artistique s’entend assez rapidement, l’upcycling nécessite quelques notions que Sophie Matéos et Uhaina Haet se plaisent à distiller, avec l’aide de Marie Terrier, alternante. "Il faut de la technique pour se réapproprier ces vieux vêtements, en tirer la matière et la réutiliser, mais aussi des idées, pour voir les pièces possibles derrière ces déconstructions." Aussi, au sein même de l’atelier deux écoles cohabitent : Sophie part davantage du design du produit final avant de se pencher sur la matière pour y parvenir quand Uhaina part de la matière. "Nous sommes toutes les deux amoureuses de la nature et opposées à la fast-fashion, plaide Sophie Matéos. Le textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde. C’était une raison de plus de mettre l’upcycling en avant." Des préoccupations écologiques couplées aussi à la mode du "do-it-yourself" ; "C’est une manière de voir la mode autrement, abonde Dimitri. Avec le confinement je me tourne davantage vers le seconde main, les friperies…" Sophie Matéos d’approfondir : "On peut embellir de vieilles pièces avec de la peinture, de la broderie. Les gens sont à la recherche de pièces uniques, ils veulent se démarquer. Là, ils ont la matière sous la main." Sur les réseaux sociaux, les réalisations "maison" fleurissent. "C’est un concept qui parle aux gens, amis pour lequel il est plus facile de progresser en étant accompagné, précise Uhaina Haet, qui a décliné l’upcycling en une marque, La petite vague (lire par ailleurs). Les tutoriels ne suffisent pas. L’upcycling c’est aussi du partage. Les astuces, les idées jaillissent de tous." Une mode collaborative en quelque sorte qui fait école puisque l’upcycling sera au cœur du défilé de la section mode de Reffye, le 11 mars prochain, à l’hôtel de ville de Tarbes.