L’exclusion religieuse rappelle la nécessité du vivre-ensemble

Il a fallu une pandémie pour mettre en évidence l’ironie et l’absurdité d’empêcher les gens de participer à la société à cause de leur pratique religieuse.

Publié le 26 janvier
Ehab Lotayef et Samira LaouniRespectivement ancien président et actuel président de la Semaine de découverte des musulmans

Pensez-y.

Il y a quelques années, les femmes musulmanes qui se couvraient le visage avec un niqab, un nombre minime, se sont fait dire par des politiciens québécois qu’elles ne pouvaient pas recevoir de services publics. Aujourd’hui, se couvrir le visage en recevant des services est devenu la norme !

On nous a également répété que les personnes portant des vêtements religieux, comme la kippa juive, le turban sikh ou le hidjab musulman, ne pouvaient pas occuper des postes d’autorité, que ce soit en tant qu’enseignants, avocats, policiers, etc.

Pourtant, dans la situation d’urgence causée par le variant Omicron, le gouvernement Legault a déclaré que la loi 21 ne s’appliquerait pas aux parents bénévoles qui viendraient remplacer des éducateurs absents.

Il y a peut-être une leçon claire à tirer de cette période exceptionnelle.

L’exclusion religieuse rappelle la nécessité du vivre-ensemble

Chacun d’entre nous, quelles que soient son appartenance religieuse, ses origines ou ses convictions, a beaucoup à apporter à la société. C’est peut-être cette lente prise de conscience qui explique la récente baisse du soutien à loi 21 dans la province. Un nouveau sondage réalisé pour l’Association d’études canadiennes a révélé qu’un peu plus de la moitié des Québécois sont en faveur de l’interdiction du port de signes religieux par les enseignants des écoles publiques, ce qui représente une baisse par rapport à l’appui de 64 % rapporté l’automne dernier.

Cette baisse notable est attribuée au cas de Fatemah Anvari, l’enseignante de Chelsea qui a perdu son poste à cause de son foulard. À mesure que les gens prennent conscience de l’impact de cette loi sur les élèves alors qu’il y a une pénurie d’enseignants, les cœurs changent.

On réalise qu’il est peut-être plus utile à notre société de s’intéresser à ce que Fatemah a dans la tête, plutôt que dessus.

Les conséquences des opinions négatives sur les communautés minoritaires vont de la « légère différence » de traitement à la discrimination en matière d’emploi, de logement et de santé, en passant par le harcèlement et la violence. Il y a cinq ans, des opinions négatives ont conduit un jeune homme à entrer dans la mosquée de Québec et à tuer six hommes de sang-froid, tout en blessant de nombreuses autres personnes.

Il ne suffit pas de condamner cette violence – ce que les Québécois ont fait en nombre considérable et réconfortant. Un engagement à comprendre comment nous en sommes arrivés là doit suivre, afin que plus jamais une telle atrocité ne puisse se reproduire.

La quatrième édition de la Semaine de découverte des musulmans offre l’occasion aux personnes d’origines et d’expériences diverses de mieux connaître les musulmans québécois. Pour marquer l’anniversaire de la tuerie de la mosquée de Québec, le 29 janvier, qui sera pour la première fois cette année une Journée nationale de commémoration, des évènements auxquels participeront des habitants de diverses villes de la province seront diffusés en ligne du 25 au 31 janvier. Le thème, « Combler le fossé contre l’islamophobie », vise à faire connaître la richesse et la diversité de nos communautés.

Lors de 25 évènements en ligne, des experts représentant le milieu universitaire, la justice sociale, les arts, les médias, la politique, etc. présenteront des ateliers interactifs et des conversations animées, qui donneront de la visibilité à des communautés musulmanes. Nos amis et alliés se joindront à nous tout au long de la programmation, pour montrer comment nos communautés sont pleinement intégrées, travaillant main dans la main avec les autres pour faire avancer un Québec inclusif, sécuritaire et prospère.

C’est à notre tour de montrer à nos concitoyens québécois qui nous sommes vraiment – une partie intégrante du grand nous qui fait le peuple de cette belle province. Nous sommes fiers d’en faire partie et d’y contribuer, que ce soit en période de prospérité comme de crise, car c’est ici notre maison.

Faisons des Québécois un peuple uni. Et de cette semaine, un temps de rencontres, de compréhension et d’amitié.

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