Et pourquoi pas? La Breitling SuperOcean Outerknown

Ecologie

Dans les USA de Donald Trump, la Californie joue un rôle important. C’est d’abord un état démocrate, puissant, premier opposant à l’occupant de la Maison Blanche mais aussi l’état qui invente le monde de demain. Ici, l’innovation est partout. C’est l’archétype du rêve de conquêtes américain – le « Far West » - renforcé par une culture de l’innovation à outrance et de la remise en cause des fondements de « notre » société. C’est le royaume des « breakthrough technologies », ces idées disruptives qui veulent changer le monde. C’est enfin le paradis de l’image, du paraître, du cinéma hollywoodien ou de la TV Netflixienne. Enfin, c’est l’un des grands acteurs de l’horlogerie 2.0, premier producteur de montres et lieu de naissance de l’Apple Watch …. dont nous ne parlerons pas aujourd’hui. Parce que notre sujet est ailleurs.

On l’ignore souvent, mais la Californie est aussi aux avants postes de la lutte pour le climat. Eh oui, dans une Amérique qui se retire de tous les traités internationaux à vocation écologique, dans une Amérique où douter du réchauffement climatique est relativement fréquent, le grand état de l’Ouest joue un jeu bien différent. Il impose des normes anti-pollution plus drastiques que beaucoup de pays au monde et se positionne comme un leader mondial dans la lutte pour la protection de l’environnement. Cette conscience écologique est partout, des multiples restaurants végans aux nouvelles viandes de Beyond Meat ou d’Impossible Food en passant par les nombreuses Tesla ou Karma (2 marques californiennes) qui sillonnent les Freeway 405 et 55. Et à partir de janvier 2020, la Californie va s’attaquer directement à nos poignets. Non pas par le lancement d’un nouveau gadget révolutionnaire ou d’une nouvelle « app », mais par une interdiction qui devrait – normalement – faire du bruit… Pourtant, peu d’infos circulent sur ce sujet. Presque rien dans les médias, pas une allusion sur les principaux sites horlogers, et même pas de déclaration ou de plan de bataille du côté de nos marques helvétiques. Rien ou presque …

Alors de quoi parlons-nous ? C’est simple, le 1er janvier prochain, la Californie bannira les bracelets en cuir d’alligator ou de crocodile. Et ce n’est qu’une étape vers l’interdiction totale de tous les bracelets – et autres accessoires – en cuirs exotiques. Fini donc ces « beaux » accessoires qui embellissent nos montres. Quand on connaît la puissance de la Californie, tant économique que dans l’imaginaire collectif, on peut facilement penser que d’autres états pourraient suivre bientôt cette initiative. Pourtant, lorsque je me promène dans les boutiques horlogères qui foisonnent dans le fameux South Coast Plaza, ou dans le non moins célèbre mall à ciel ouvert « Fashion Island », et que je demande « qu’allez-vous faire », les réponses sont plutôt évasives. En gros « on ne sait pas »… Cependant, toutes les marques sont maintenant exposées. Elles doivent trouver une solution pérenne avant la fin de l’année. Elles n’ont que quelques mois pour répondre à d’importantes questions : que faire de ces milliers de bracelets en alligator montés sur les montres en vitrine, par quoi les remplacer, faut-il changer les prix, etc.

A titre personnel, je suis très favorable à cette décision californienne. Elle va pousser les collectionneurs et les horlogers souvent très traditionnalistes à repenser leur impact écologique et à imaginer d’autres solutions pour équiper leurs montres. Heureusement, certaines n’ont pas attendu pour avoir des options intéressantes. Il y a bien sûr les bracelets en acier qui règnent chez Rolex. Il y a ensuite le caoutchouc, les bracelets NATO en tissus, ou bien sûr, les nouveaux venus, ces fameux bracelets en matériaux recyclés. En début d’année, c’est Panerai qui a présenté ses Submersibles avec des bracelets en plastique PET.

Il y a maintenant Breitling, avec ses deux modèles développés en collaboration avec la marque eco-friendly Outerknown et équipés de bracelets en ECONYL. Et j’espère bien que la tendance ne va pas s’arrêter là. Il faut maintenant attendre la réaction des fabricants de bracelets, et compter sur leur créativité. Certains vont rapidement avoir le vent en poupe, comme le suisse RubberB et ses fameux modèles iUnique. Mais la tendance ne doit pas s’arrêter aux bracelets. Nombreux sont les composants qui peuvent être repensés sous l’angle de l’écologie. Les boîtiers en or « sustainable » de Chopard en sont un exemple. L’éco-titanium de Panerai un autre.

Et pourquoi pas? La Breitling SuperOcean Outerknown

Mais aujourd’hui, j’ai décidé de parler de la Breitling SuperOcean Outerknown. Parce que le timing de son lancement est en phase avec la nouvelle législation californienne. Parce que le positionnement de prix de cette montre la rend plus accessible et donc plus « écologiquement » visible. Parce qu’elle vient d’une marque créée par un surfer engagé – le floridien Kenny Slater, qui soutient de nombreuses initiatives destinées à protéger les océans – notamment ici.

Mais aussi parce qu’elle est réussie.

Pourquoi Breitling ?

Nous avons déjà parlé de la marque aux « ailes » dans plusieurs « Et Pourquoi Pas...? ». Chaque fois pour évoquer des modèles liés au monde de l’aviation, qui reste intimement associé à la marque de Saint-Imier. C’est d’ailleurs en début d’année que Breitling a lancé une réédition de sa mythique Navitimer 806, probablement un des plus beaux chronographes actuellement offerts par la marque ailée. En parallèle, Breitling continue à construire son offre Aviator 8, en lançant actuellement un modèle Mosquito qui n’est pas sans rappeler les fameuses Breitling Co-Pilot 765 des années 60.

Navytimer 806 © Breitling

Aviator 8 B01 Chronorgaph 43 Mosquito © Breitling

Mais, me direz-vous, qu’en est-il du lien entre Breitling et la mer ? Parce que si l’aviation fait toujours rêver, elle devient de plus en plus une activité contestée pour son lourd bilan carbone. Et à notre époque de prise de conscience écologique, ce tropisme aérien n’est peut-être pas idéal. C’est pourquoi la gamme aquatique de Breitling se doit de grandir et prendre de plus en plus d’importance dans l’offre de la marque. Son CEO, George Kern, l’a bien compris, et il compte bien renforcer la gamme SuperOcean, née en 1957. On pense souvent que Breitling « n’est qu’une marque de pilote ». Il n’en est donc rien. Alors que les premières plongeuses de Rolex ou d’Omega avaient une étanchéité limitée à 100m, les SuperOcean 1004 (trois aiguilles) et 807 (chronographe) de 57 affichaient déjà 200 mètres !

Mais la montre qui allait pousser Breitling encore plus profond fut lancée il y a 55 ans. Il s’agissait du fameux chronographe de plongée SuperOcean 2005, au cadran si caractéristique avec son chronomètre de 60mn. Cette montre allait connaître de nombreuses évolutions au cours des années, avec comme objectif principal d’améliorer la visibilité de la fonction chronographe. En 1971, Breitling sortit le chronographe SuperOcean 2005 Exécution 2, qui connaitra aussi une version régate.

Enfin plus récemment – en 2007 – Breitling relança la SuperOcean Heritage, fortement inspirée par les modèles 1004 et 807, qui continua à évoluer en 2017. C’est d’ailleurs dans cette gamme que Breitling lança sa première collaboration avec Outerknown, et son premier bracelet en Econyl.

Aujourd’hui, l’offre maritime de Breitling alterne des pièces d’inspiration vintage (SuperOcean Heritage) et des plongeuses au design plus classique, les SuperOcean, offertes en de nombreuses versions, allant de 36 mm à 46 mm.

La nouvelle Outerknown est une déclinaison de ces SuperOcean.

La Breitling SuperOcean 44mm Outerknown – Green et verte !

La nouvelle gamme SuperOcean a été présentée très récemment. Ses modèles ont reçu un bienvenu lifting, tant au niveau de la lunette que du cadran. Grâce aux nombreux changements, la SuperOcean est plus simple, plus présente, et plus contemporaine. L’ancienne version avait plutôt mal vieilli, et tous les défauts de son aînée (notamment des cadrans trop chargés) ont été corrigés dans cette nouvelle itération.

La version Outerknown est la plus intéressante de cette nouvelle gamme.

Pour ceux qui se posent la question de la signification d’Outerknown, il s’agit d’un mot du langage des surfeurs qui désigne l’autre côté de la vague, celui que l’on ne voit pas. C’est aussi le nom de la marque de vêtements de Kelly Slater.

Superocean Automatic 44 Outerknown © Breitling

Elle se distingue des autres modèles par plusieurs éléments. D’abord sa couleur : un magnifique vert olive mat plutôt inhabituel pour un modèle de plongée. Ce vert peut surprendre puisque d’habitude il est réservé à des pièces plus martiales, voire militaires. Or la vocation de cette plongeuse est bien différente. J’ai aussi entendu dire que cette couleur était aussi une des favorites de la légende du surf qui l’a inspirée. Ensuite, la Breitling Outerknown est offerte sur un bracelet en Econyl qui reprend les couleurs du cadran. L’ensemble est superbe. Le bracelet est une vraie réussite. On oublie trop souvent le rôle que joue cet accessoire dans le succès – ou l’échec d’une montre. Il n’y a pas de belle montre sans un beau bracelet. Pour cela, il faut avoir la bonne couleur, la bonne intégration, la bonne boucle et la bonne finition. Cet NATO Econyl coche toutes les cases. Il est superbe, bien fini, original sans être ostentatoire, la boucle Breitling est réussie et son intégration avec la montre est parfaite ! D’ailleurs Breitling sait que ce bracelet va connaître un grand succès. La marque va bientôt en proposer de nombreuses déclinaisons pour que tous les autres modèles puissent en bénéficier.

La Breitling Outerknown est étanche à 1000m, son fond plein gravé du logo OK d’Outerknown et réalisé en acier mat. Même si elle est proposée en 44 mm, elle reste portable et – relativement – discrète. Elle est équipée du calibre Breitling 17, sur base du « tracteur » ETA.

Proposée à un prix accessible, la SuperOcean Outerknown est vraiment une pièce que les amateurs de sports aquatiques devraient considérer sérieusement avant d’aller surfer, plonger ou simplement nager. J’espère d’ailleurs en voir plusieurs aux poignets de nos surfeurs californiens, mais aussi de leurs collègues de free diving ou des nombreux fans de paddle qui naviguent au large des plages de Newport ou de Laguna !

Qu’en pense l’avocat du Diable ?

Quoi ! Vouloir sauver les poissons et la planète avec des montres! Interdire de tuer des alligators! Que de bêtises ! L’Avocat du Diable ne peut pas accepter que nos montres aient – enfin – du cœur ;) Plus sérieusement, quelles seraient les petites améliorations qui permettraient de faire de cette Outerknown une plongeuse parfaite ?

J’en vois principalement quatre :- Un boîtier en titane pour alléger sa présence au poignet- Un diamètre de 42 mm parce que j’ai eu la chance d’essayer la SuperOcean dans cette taille et elle est vraiment agréable à porter- Un logo B plutôt que la version ailée- Un coffret avec plusieurs NATO, tant cette montre se marie bien avec ce type de bracelet.

Sinon, bravo aux équipes de Breitling pour cette plongeuse verte, verte !

Avec quoi porter votre Breitling SuperOcean Outerknown ?

Bien sûr, la premiere réponse serait avec un maillot de bain de surfer acheté à Huntington ou une combinaison de free diving de Beuchat. Mais comme le temps se rafraîchit doucement (sauf ici en Californie du Sud), voici quelques suggestions qui pourraient plaire au dandy qu’est George Kern. Le blazer en laine Ambassador de couleur Pin. Il se mariera parfaitement avec le cadran de la montre. Le pantalon pourrait être un denim, qui pourtant reste un des vêtements les moins écologiques de la planète. Pourtant de nombreuses marques ont décidé de relever le défi des jeans eco-friendly, et c’est parmi elles qu’il faudra choisir. Mon modèle préféré reste le Dylan de la marque californienne AG, mais le choix ne cesse de s’étoffer. Pour les souliers, restons dans le sustainable business et les désormais classiques sneakers de la marque Veja. Je pense que le modèle Campo White Marsala avec ses touches de couleur rouge / bordeaux devrait très bien s’associer avec une paire de jean et le blazer OK. Pour le t-shirt, pourquoi ne pas finir avec un message comme « Defend Tomorrow » et un t-shirt d’une autre marque californienne, Apolis.

Vous voici ainsi prêt pour une balade sur la plage de Huntington Beach – haut lieu du surf mondial, après avoir branché votre voiture 100% électrique sur une borne de recharge en libre-service ! Il ne vous reste plus qu’à aller admirer le lever de soleil, et voir les premiers surfeurs qui entrent dans l’eau à la recherche d’une vague à taquiner.

Enjoy !

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