Laura et Nour, deux scientifiques lilloises, obtiennent un prix prestigieux !

Par Amandine Vachez Publié leLille ActuVoir mon actu

C’est une belle récompense. Celle qui fait la fierté de leurs proches, et permettra à leurs projets de se poursuivre. Laura et Nour, originaires et habitantes de Lille (Nord), font partie des lauréates du Prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science*, remis le 7 octobre 2021. Portraits.

Le prix, en quelques mots

Le Prix Jeunes Talents L'Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science représente une belle reconnaissance pour les femmes récompensées. Il va leur permettre de financer leurs recherches et fait gage de soutien pour leur statut de femme en science. De quoi les encourager à continuer dans cette voie. Récompensées pour leur parcours émérite et leurs travaux brillants, elles recevront une bourse de recherche (15 000 € pour les doctorantes et 20 000 € pour les post-doctorantes) et bénéficieront d'un programme de formation au leadership, complémentaire à leur parcours scientifique.

Laura Monk, spécialiste des mathématiques fondamentales

Laura Monk, originaire de Lille, est doctorante à l’université de Strasbourg. Elle travaille sur les mathématiques fondamentales. « J’ai toujours aimé les sciences, en général », nous a-t-elle confié fin septembre, alors qu’elle arrivait tout juste en Allemagne pour une nouvelle aventure professionnelle.

Après une prépa à Versailles, elle a intégré l’ENS, École normale supérieure, sur concours. L’agrégation, puis la thèse, et elle devient ce qu’elle appelle avec humour un « bébé chercheur » (elle vient tout juste de terminer sa thèse).

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Ce prix, Laura l’a obtenu pour son travail en mathématiques fondamentales. Pas facile d’expliquer de quoi il s’agit au commun des mortels. « Ce n’est pas forcément directement mis en application. On imagine de nouveaux problèmes, de nouvelles questions. » Laura travaille sur les surfaces hyperboliques aléatoires, qui sont des exemples de systèmes chaotiques, comme la météo : la théorie du chaos permet de décrire des systèmes complexes où la plus petite variation dans les conditions initiales peut changer complètement le résultat final.

En somme, « beaucoup de calculs, et un peu de géométrie. Ce sont des questions très anciennes, datant des années 70-80, pour lesquelles on avait besoin de nouvelles idées », nous explique la chercheuse. Elle propose de répondre par l’aléatoire, en ajoutant des probabilités.

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Laura pourra, grâce à la bourse de 15 000 € (à destination des doctorantes) du prix, bénéficier d’un coup de pouce dans sa carrière. « C’est un moment décisif, il faut que je fasse mes preuves ! » La jeune femme, qui va travailler un an dans un bâtiment international à Bonn, imagine voyager pendant plusieurs années : multiplier les expériences, rencontrer du monde pour, elle l’espère, trouver un poste fixe.

Nour, passionnée par les neurosciences et la reproduction

Nour El Houda Mimouni est post-doctorante à Lille. Elle cherche à développer des outils de diagnostic précoce et des pistes thérapeutiques efficaces pour améliorer la prise en charge des patientes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques, dérèglement hormonal dont l’origine peut être les ovaires ou/et le cerveau.

Elle insiste dès les premiers instants de notre entretien : « J’ai été récompensée, mais c’est avant tout un travail d’équipe ! » Elle fait référence à ceux qui l’entourent au laboratoire de « Développement et Plasticité du Cerveau Neuroendocrine Inserm UMRS U1172 », dirigé par le Dr Vincent Prévot et situé au Centre de Recherche Lille Neurosciences et Cognition du CHU de Lille.

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Après des études entre Paris et Alger, Nour est venue à Lille pour sa thèse. Une décision prise suite à sa rencontre avec le Professeur Paolo Giabobini, qui a eu l’idée de travailler sur ce syndrome. « Il avait déjà bien avancé sur le projet, obtenu un financement européen avant que j’arrive. » Ce projet, qui a pour vocation d’améliorer la prise en charge de l’infertilité et donner une lueur d’espoir aux couples incapables de concevoir un enfant, a tout de suite emballé la jeune femme, passionnée par les neurosciences et la reproduction. « Ça réunissait tout ce que j’aimais ».

Depuis cinq ans, au labo, ils travaillent sur « un syndrome qui est trop peu connu », résume la chercheuse, qui veut sensibiliser. « Ça touche une femme sur 10. C’est la première cause d’infertilité au monde ». Or, très peu de recherches ont été faites sur le sujet. L’une des difficultés est que les symptômes peuvent être très variables et, dans la plupart des cas, trop faibles pour alerter.

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Le prix jeunes talents a récompensé un travail mettant en exergue la transmission du syndrome de la mère à la fille. « On a réussi à identifier quelques marqueurs qui peuvent nous servir de diagnostic », précise Nour, heureuse de travailler dans un laboratoire en lien étroit avec des équipes médicales. « C’est ce que l’on appelle la recherche translationnelle. Notre équipe est la première au monde à faire des essais cliniques », avance Nour. Données cliniques et tests en laboratoire se répondent. Un processus qui permet de faire avancer efficacement la recherche.

Ce prix, pour Nour – qui obtiendra une bourse de 20 000 € (à destination des post-doctorantes) – c’est « un grand honneur, bien sûr ! C’est l’occasion de montrer ce que les femmes réalisent dans le milieu de la science, ça me tient personnellement à cœur. » Ce que Nour imagine, plus tard, c’est délivrer des « kits de diagnostic » pour ce syndrome. Mais elle tempère : le chemin est encore long.

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