Namur s’inquiète de perdre ses enseignes illustres et ses commerces historiques

À côté de cela, le centre-ville reste attractif pour bon nombre de nouvelles boutiques.

Il est des commerces que l’on pense éternel. C’était le cas de la Maison Attout dont la petite vitrine rue de l’Ange est vide de ses accessoires pour chiens depuis décembre dernier. Elle était là depuis plus de 200 ans.

La boutique de chaussures Vansiliette, pas loin, avait fermé juste avant de fêter son centenaire. Entre les deux, d’autres enseignes qui ont habillé ou chaussé plusieurs générations de Namurois ont mis la clé sous le paillasson.

Des magasins de chaussures ou de prêt-à-porter, mais aussi des pharmacies, boucheries, brasseries… Les raisons ?

La crise a touché Namur et doublé le nombre de cellules commerciales vides en 10 ans.

Le commerce en ligne a fait beaucoup de dégâts et continuera à élaguer parmi les anciennes générations, surtout auprès des magasins qui ne se sont pas lancés en ligne.

On parle également du coût des salaires et du montant des loyers commerciaux…

Mais il y a aussi des fermetures plus naturelles : des fins de bail ou des départs à la pension. Aujourd’hui, les enfants choisissent souvent une autre orientation professionnelle là où les commerces se léguaient de génération en génération par le passé.

Ces enseignes les plus illustres, ces boutiques historiques du centre-ville sont trop souvent remplacées par une nouvelle génération de commerces moins uniques qui attire moins l’adepte de shopping : des snacks, night-shops, accessoires pour GSM, vapotage, cannabis light…

Une mutation que regrettent certains comme le primeur de la galerie Wérenne. "Avant, on venait chez le boucher, à la crémerie et chez moi à la suite", regrette la commerçante qui tient encore le coup malgré tout. Dans le même ordre d’idée, d’autres regrettent que la présence d’horeca prédomine dans certaines rues qui s’animent alors que les magasins sont fermés.

À côté de cela, plusieurs concept store, plus uniques, plus tendance, ont misé sur le centre de Namur. Mais certains peinent et se demandent s’ils vont tenir avant la fin des travaux et l’ouverture des parkings annoncés.

Namur s’inquiète de perdre ses enseignes illustres et ses commerces historiques

Car les difficultés de parking sont le plus souvent évoquées pour expliquer une partie du commerce namurois en perte de vitesse. Car la baisse d’attractivité n’est pas générale. Certaines boutiques nouvelle génération s’en sortent fort bien. Comme Les Cup’inn qui ont dû prendre un local plus grand. Ou Un petit coin de parapluie dont le dynamisme est remarquable.

"Les commerçants devraient faire attention. Ils sont responsables de la désaffection de leurs propres clients. À force de se plaindre du manque de parking, ils dissuadent les clients de se déplacer. Ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis", mettent en garde plusieurs observateurs avertis.

Si les Namurois se plaignent de la situation actuelle, les extérieurs sont moins critiques. Certes, ils regrettent de ne pas pouvoir se garer toute la journée devant leur boutique ou leur restaurant, mais Namur leur semble plus attractive que d’autres villes, notamment en raison des grands projets qui y sont développés. Ils misent sur l’avenir.

Les juniors fermeront le mois prochain

Liquidation totale pour cessation d’activités. La boutique qui chaussait les enfants depuis 33 ans et proposait des chaussures orthopédiques rue de l’Ouvrage fermera en avril. Anne-Marie alias Annie et ses deux filles n’auront pas résisté au commerce en ligne.

Tissus de St Jean fermera en juillet

Les Tissus de Saint-Jean occupent depuis 1982 le coin de la place Chanoine Descamps à Namur, au cœur du piétonnier. En 2011, Jean-François Dive reprend les rênes avec son épouse, accompagnés de Nathalie qui y travaille depuis une trentaine d’années. La boutique est en fin de vie et ne trouve pas de repreneur. La fermeture est fixée à juillet. L’occasion pour les amateurs de faire des provisions dans leur stock de tissus d’habillement et d’ameublement : cette qualité ne se trouve pas à tous les coins de rue.

Broze fermera fin juin

Broze ferme sa boutique de Namur centre (rue du Président) fin juin. D’ici-là, elle est ouverte les mercredis, vendredis et samedis de 10 à 18 h pour une liquidation totale avec des réductions progressives. Le magasin arrivait en fin de bail et le montant de loyer comme les difficultés de parking auraient pesé dans la balance. La périphérie offre des surfaces plus grandes et accessibles donc le choix a été vite fait : celui de maintenir la boutique de Naninne.

Darcis a fermé le mois dernier

Cela fait un mois environ que la boutique Darcis a fermé discrètement ses portes rue Haute Marcelle. Aucun mot sur la porte, aucune annonce nulle part, aucune raison avancée. Le magasin a disparu du site web du fameux pâtissier liégeois Jean-Philippe Darcis, comme s’il n’avait jamais existé. Une fermeture soudaine à mettre en relation avec la procédure de réorganisation judiciaire qui vise les activités de boulangerie, de chocolaterie et des macarons. La perte globale serait estimée aujourd’hui à 1,15 million d’euros

15 % de commerces vides, c’est stable

Sur 1023 cellules commerciales à Namur, 196 sont vides (15 %) et 827 en activité.

Pour Sylvie André, qui déplore comme beaucoup de Namurois la disparition de commerces de référence notamment, la situation n’est pas glissante. "En matière de cellules vides, le centre-ville est plutôt stable. D’année en année, on tourne autour des 15 %", indique Sylvie André, directrice de Gau.

En février, l’ASBL chargée de l’animation du centre-ville de Namur comptait 1023 cellules commerciales à Namur dont 827 en activité et 196 vides.

"Parmi ces cellules vides, 8 étaient en cours de travaux et sont déjà relouées, 13 sont situées dans le square Léopold donc en attente et 47 en dehors de l’hypercentre : rues Jules Billiart, Borgnet, de Brabant, des Combattants, des Dames blanches, Delvaux, Dewez, Gaillot, Général Michel, de Gravières, Lelièvre, du Lombard, Namèche, Notre-Dame, Saint-Nicolas, boulevard Mélot et place l’Ilon", distingue Sylvie André.

"La situation n’est évidemment pas idéale, nous devons rester vigilants", commente celle qui envoie en ce mois de mars les stewards urbains à la rencontre des chalands à Namur pour cerner leurs attentes.

Gau se prépare aussi à lancer une nouvelle série de bourses Creashop. Les premières ont accordé jusqu’à 6 000 € aux commerçants qui voulaient s’installer dans deux axes clés de la ville. L’idée était de créer une dynamique commerciale avec cheminement piéton entre le nord de la corbeille à la Confluence.

Si la rue des Brasseurs a été un succès et ne compte plus aucune surface commerciale vide ou presque, le quartier Carmes/Croisiers n’a, lui, pas mordu à l’attrait de Creashop.