"Fachico", mangeurs de hérisson Ovale Masqué décape la finale de Pro D2 Perpignan-Biarritz

Samedi après-midi, Ovale Masqué était devant sa télé pour assister à la finale de Pro D2 entre Perpignan et Biarritz. Séance de rattrapage pour ceux qui ont loupé ce "Fachico"...

Par Ovale MasquéPublié le
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Le soleil revient, les terrasses se remplissent, le Covid-19 disparaît mystérieusement… tous les signes sont là, c’est le retour de la saison des phases finales ! En Top 14, 6 clubs sur 14 auront le droit de se disputer le bouclier de Brennus, récompense bien méritée après 652 journées de phase régulière et un suspense incroyable. C’est d’ailleurs devenu le principal argument de vente de Canal + : « regardez notre produit, y’a du suspense ! ». Pas de sport, pas de jeu, juste du suspense.

Mais les vrais amateurs de rugby le savent, le meilleur rugby, il se trouve en Pro D2. Ce lieu magique ou des villageois consanguins, des Sud-Africains psychotiques et des Polynésiens en surpoids s’affrontent dans des joutes parfois brouillonnes, mais toujours engagées et spectaculaires. Ici, pas de calendrier surchargé par le Tournoi ou la Coupe d’Europe. Ici, pas d’enjeux sportifs et financiers démesurés : à part un ou deux clubs assez tarés pour envier le destin d’Agen et de Bayonne, personne n’a réellement envie de monter, donc forcément, l’ambiance est plus détendue.

Cette année, les deux candidats au sacrifice rituel de la promotion se nomment l’Usap et Biarritz. Deux monuments du rugby français qui envisagent de retrouver l’Élite. Deux clubs particuliers, aussi. Car ce duel, c’est aussi celui du club de la famille Gave contre la ville gérée par Louis Alliot, soit l’équivalent d’un combat de MMA dans une cage entre Eric Zemmour et Jean Messiha. On se demande d’ailleurs presque pourquoi CNews n’a pas acheté les droits de diffusion. Enfin ne vous inquiétez pas, vous ne retrouverez aucun commentaire politique acerbe dans cette chronique : bien conscient que mon public est majoritairement constitué de rugbymen, je ne prendrais pas le risque de les faire fuir en tenant des propos vaguement gauchistes.

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Allez, c’est parti pour le compte rendu de ce #Fachico !

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Merci à @TuesdayRugby qui m’a refilé quelques vignettes sous le manteau ! (vu la qualité de certaines blagues vous comprendrez que j’avais besoin d’aide).

Le film du match

Pour ceux qui n’ont pas regardé le match, je rappelle que la finale se jouait au GGL Stadium de Montpellier, sous un soleil de plomb et en présence d’un public présent en nombre limité. On retrouve donc nos amis suppor… partenaires catalans, peu nombreux, mais venus avec leurs traditionnels klaxons qu’ils ne manqueront pas d’actionner pendant 80 minutes. Les fans de l’Usap ont parfois mauvaise réputation. C’est vrai qu’ils sont un peu comme des enfants : sales, bruyants, peu respectueux et de mauvaise foi. Mais en même temps, quand ils ne sont pas là au repas de famille, on se fait un peu chier. Ce ne sont pas les supporters biarrots qui affirmeront le contraire, d’autant plus qu’ils sont tous morts de vieillesse en 2008.

Les deux équipes entrent sur le terrain emmenés par leurs capitaines : Steffon Armitage pour le BO, Mathieu Acebes pour l’Usap. On ne présente plus Armitage, multi-champion d’Europe avec le RCT et éphémère international anglais. Acebes, pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le Jason Statham de la Pro D2, c’est un joueur un peu plus à l’ancienne. Doté d’une pointe de vitesse maximale de 11 km/h et d’une puissance de perforation inférieure à celle de Damien Chouly, on peut affirmer qu’il s’agit d’un bon joueur sans plus. Il est pourtant indispensable à son équipe de par son charisme, sa pugnacité et son leadership. Et puis il faut surtout reconnaître qu’il fait peur. J’espère sincèrement qu’il ne sait pas lire, car si cette petite présentation le vexe, les conséquences pourraient être fâcheuses pour moi.

Avant le début de la rencontre, nous avons le droit à La Marseillaise. Pourquoi ? Personne ne le sait, à commencer par les joueurs qui semblent perdus, entre les nombreux étrangers qui se demandent ce qu’ils foutent là et les Français qui chantent avec 12 secondes de retard sur la sono. Probablement une nouvelle idée révolutionnaire de René Bouscatel, présent en tribunes avec son air aimable habituel.

Après ce petit moment gênant, place au rugby ! Enfin, modérément. J’avais dit plus haut que la Pro D2 était agréable et sympa à regarder, mais là, on est en présence de deux équipes qui passent leur entretien d’embauche pour le Top 14, on sent donc qu’ils veulent bien montrer qu’eux aussi peuvent être chiants. Entre échanges de coups de pied et fautes en tout genre, ce début de match est très haché.

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On attendait tous les exploits de Melvyn Jaminet. Cet arrière capable de réussir des relances de 80m et de claquer des pénalités de 55 fait, il faut bien l’avouer, parfois un peu tâche en Pro D2, comme si une Ferrari se retrouvait en plein milieu du salon du tracteur. Mais finalement, contre toute attente, c’est un pilier qui va faire la première différence du match. Après une bonne séquence usapiste dans les 22, Quentin Walcker est servi en position de centre. Là, on ne comprend pas trop ce qu’il se passe, mais le futur joueur de Castres mystifie Francis Saili et parvient à créer un décalage en servant Jaminet. Ce dernier fixe et donne pour Georges Tilsley, qui inscrit en coin le premier essai du match. Après la transformation de Jaminet, ça fait 7 à 0 pour les Catalans.

Malgré ce bel essai, on retombe rapidement sur un faux rythme qui profite plutôt aux Basques, qu’on sent venus pour montrer ce qu’ils savent faire le mieux : être chiants. Steffon Armitage et Johnny Dyer viennent pourrir les rucks et gratter quelques pénalités puis on se lance dans un duel de buteurs entre Hart et Jaminet. 7-3, 10-3, 10-6, 10-9, 13-9 puis 16-9, le tableau d’affichage progresse en même temps que notre envie de sieste. Heureusement, un peu de violence vient nous réveiller de temps en temps. On remercie l’Usap et son plan de jeu à une passe « on cible le 10 d’en face et on tente de le buter en envoyant Tilsley droit dessus », qui porte assez rapidement ses fruits puisque Illian Perraux sort sur protocole commotion peu avant la pause.

Côté Biarrot, on est tout aussi créatifs avec une stratégie qu’on pourrait résumer à « on donne le ballon à Francis Saili et on attend de voir ce qui se passe » . Mais aujourd’hui, l’ancien joueur du Munster est malheureusement à la hauteur de son prénom de pilier de PMU, et pas au niveau où l’on attend un ancien All Black qui a roulé sur la Pro D2 toute la saison. Bref, on en reste à 16-9 à la pause.

Pendant la mi-temps, on fait un tour sur le plateau de Canal + où Sébastien Chabal et Frédéric Michalak portent des beaux costumes et brassent du vent, ce qui doit être la principale chose que l’on apprend à la Lyon Business School dont ils fréquentent les bancs. Marc Lièvremont est quant à lui fidèle à Marc Lièvremont et ose dire « c’est de la merde ce match » avec la désarmante sincérité qui lui a parfois posé des problèmes pendant sa carrière de sélectionneur.

Retour au terrain. Le coup d’envoi du deuxième acte est donné et rapidement, c’est un peu moins mou. On le sait, les Basques ne lâchent rien, comme ils l’ont démontré il y a une semaine à Vannes après avoir réalisé le pire attentat contre la Bretagne depuis l’invention du beurre doux. Les Usapistes savent très bien que 7 points d’avance ne leur suffiront pas et ils décident de passer la seconde. Une première offensive rapporte une nouvelle pénalité transformée par Jaminet, 19-9. Puis l’homme au nom le plus classe du monde, Jeronimo de la Fuente, déchire la défense biarrote sur une belle percée. Deghmache est au soutien mais perd le contrôle du ballon à 10 mètres du but.

Sur la mêlée qui suit, le pack Sang et Or prend le dessus et récupère le ballon. Le pilonnage de la ligne peut commencer, et Acebes est tout près d’aller marquer en force. Les Catalans insistent, puis vient le moment où Saili nous confirme qu’il est décidément dans un grand jour avec une tentative d’interception/en-avant volontaire qui vient tuer l’action. Carton jaune logique. Les mangeurs de hérisson décident de ne pas prendre la pénalité et d’insister pour marquer l’essai. Et logiquement, là aussi, ça finit par passer avec Ben Volavola qui slalome dans la défense pour le deuxième essai. 26-9, ça commence à sentir bon le Top 14 pour Perpignan, tellement bon qu’on voit déjà Eric Bayle écrire « tiens j’ai cru voir un Jaminet » sur son carnet à blagues pour la saison prochaine.

Attention tout de même, car on l’a déjà dit, les Basques seront relous jusqu’au bout. D’ailleurs, les revoilà dans les 22 mètres de l’Usap pour une longue séquence offensive, alors que Saili revient sur le terrain. Mais la meilleure défense de Pro D2 tient bon et parvient même à gratter une pénalité au sol pour se donner de l’air.

Pas le temps de niaiser : les Sang et Or veulent plier l’affaire et ne prennent pas les points après une énième faute des Biarrots. Touche, ballon porté, plantage de tente dans les 22 mètres. Puis Volavola sort sa spéciale : la passe au pied qui ne s’impose pas et qui n’est même pas précise. Mais parfois ça marche quand même, par exemple ici grâce au trouage de Barnabé Couilloud (notez le sadisme des parents qui s’appellent Couilloud et qui décident d’en rajouter en nommant leur fiston Barnabé…). Jaminet a bien suivi et marque un vieil essai de raccroc, qu’il transforme en coin. 33-9, c’est bouclé.

Les vaincus du jour iront planter un essai pour l’honneur à la 79e, mais les Biarrots savaient déjà que leur place en Top 14 se jouera sur un match de barrages. Ce qu’ils ne savaient pas encore à ce moment-là, en revanche, c’est que cette finale de rattrapage aurait lieu face à Bayonne, dans un match qui ressemblera sûrement plus à une guerre civile qu’à une rencontre sportive. Score final, 34-14, l’Uspa est sacrée championne de France de Pro D2 pour la deuxième fois de son histoire, et c’est bien mérité après cette saison dominée de la tête et des épaules.

Une intersaison étrange débute alors en Catalogne, où les joueurs usapistes seront probablement partagés entre deux sentiments : l’envie de se la coller pendant 8 semaines pour fêter un titre bien mérité, et la peur de se faire rouler dessus la saison prochaine s’ils prennent la murge de trop. Dans la vie, tout est question d’équilibre. Et on sait que les Catalans sont des gens très équilibrés, donc personnellement, je suis convaincu qu’ils réussiront une plus belle saison en Top 14 que le SU Agen en 2020-2021.

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