Tartan, léopard, cachemire… les motifs règnent en maître dans le duplex de Maryam Mahdavi

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Robe Leonard, lunettes Pucci des années 1960 et ceinture des années 1980 achetée dans une boutique de vêtements de cabaret à Los Angeles, Maryam Mahdavi se tient à côté du tabouret “Love Boat” qu'elle a dessiné pour le couturier français Leonard. © Sylvie Becquet

Architecte d'intérieur, designer et artiste, cette touche-à-tout a pensé son duplex miniature parisien comme une boîte à merveilles habillée de tissus de couturier et d'objets hétéroclites qui lui ressemblent.

Par
Louise Prothery

« Chez moi, la règle, c'est qu'il n'y en a pas », affirme Maryam Mahdavi, qui accueille ses clients dans son appartement personnel comme dans un showroom. Passé la porte d'entrée de ce repaire niché au dernier étage d'un immeuble du faubourg Saint-Honoré, c'est une explosion de couleurs, de tissus, d'objets, d'époques et de styles qui dialoguent entre eux, se fichant éperdument des codes du bon goût comme des tendances du moment. L'atmosphère intérieure créée par cette chaleureuse Franco-Iranienne est à l'image de sa parole : pleine d'émotions et d'obsessions assumées. Celle pour la mode par exemple, son premier métier, qu'elle débute après une formation à l'école parisienne Esmod. Ses murs sont d'ailleurs couverts de tissus vintage de grandes marques – Yves Saint Laurent, Etro, Burberry – dénichés chez un marchand spécialisé de Bruxelles où elle vécut un temps. « C'est un peu comme si j'avais mis en scène mon dressing du sol au plafond », confie cette inconditionnelle des années 1980 qui n'hésite pas à mélanger ces imprimés puissants aux tapis persans. Artiste dans l'âme, marquée par une enfance aisée mais blessée, Maryam Mahdavi expose ses premières productions en 2002, de fragiles tables aux pieds tremblants, baptisées « Twins », chez le londonien David Hicks, avant de rejoindre la prestigieuse galerie Perimeter aujourd'hui disparue.

Sa dernière collection, inspirée de la joyeuse légèreté de la série télévisée « The Love Boat » (« La Croisière s'amuse », en vf) des années 80, est une collaboration avec la maison Leonard dont elle a recyclé certains tissus pour couvrir les galettes aimantées de tabourets pensés comme des cages dorées, référence là aussi à son passé. « Ces galettes peuvent être fixées sur d'autres supports métalliques, un principe de flexibilité et de liberté que je pratique dans tout mon appartement et plus généralement dans les petits espaces, un monde nouveau que j'ai découvert en réalisant une scénographie en 2018 pour le géant suédois Ikea », raconte la designer. La table de bridge se déplie pour improviser un souper aux chandelles, les éléments de cuisine disparaissent derrière un tissu marocain à sequins, les chapeaux de paille se muent en abat-jour… Tout comme cette transformiste quitte son uniforme jean-baskets pour une robe en jersey de soie qu'elle ceinture d'une embrasse piquée sur son rideau de taffetas rose. Parce que la vie est définitivement trop courte pour se prendre au sérieux.

Tente orientaliste

© Sylvie Becquet

Tartan, léopard, cachemire… les motifs règnent en maître dans le duplex de Maryam Mahdavi

Sous un drapé de tissu à motif panthère (Yves Saint Laurent), la table de bridge, fin XVIIIe, accueille une paire de lampes en laque, années 1970 (Maison Jansen), et un lion en bronze XIXe du sculpteur animalier Edouard Delabrièrre. Au mur, applique en bronze à feuilles dentelées (Baguès). Le sol est animé d'une enfilade contrastée de tapis persans anciens en laine.

Rêveries textiles

© Sylvie Becquet

Dans le salon tendu d'un imprimé à motifs cachemire (Etro), la banquette en fer forgé joue la superposition avec des velours de soie (Casal) et s'illumine d'un coussin à paillettes et d'un autre en tissu persan ancien orné d'une fleur de soie. Sur les tables Ikea vintage des années 1950, des statuettes religieuses côtoient un porte-glaçons hibou (marché Serpette), un palmier issu de l'artisanat tangérois et un verre en opaline rose chiné. Suspension “Spoutnik” des années 80 chinée, lampadaire courbe vintage et un autre des années 1970 (galerie Jacques-Emmanuel de Caters).

Télescopage des cultures

© Sylvie Becquet

Rencontre entre le tartan de Vivienne Westwood, les éléphants indiens de la maison Etro et un tapis fleuri de Madeleine Castaing (Codimat). Sous la mezzanine, la table “Soupçon”, créée par Maryam Mahdavi, a trouvé sa chaise, une icône des années 1970 en métal et Formica, rhabillée d'une tapisserie vintage. Le lampadaire rouge des années 1950 (boutique Ces années-là, à Paris) éclaire un fauteuil du XVIIIe siècle tapissé à l'écossaise.

Boîte à secrets

© Sylvie Becquet

En haut de l'escalier en colimaçon, la chambre de Maryam Mahdavi rassemble ses effets personnels : une collection de chaussures de grands couturiers accrochées astucieusement et des aquarelles simplement posées au sol. Sur les murs, tartan vintage (Burberry) et tissu aux éléphants (Etro).

Un amour de carreau

© Sylvie Becquet

Total look tartan Burberry pour ce refuge sous les combles, relevé d'une paire d'appliques noires et dorées (antiquités Maison et Jardin), d'une table de nuit improvisée avec quelques boîtes de robes griffées Leonard, et d'une bougie en porcelaine de Limoges (Bona Fide).