Wall Street rebondit avec Apple et les grandes "technos"

(Boursier.com) — Dansun marché toujours très volatil, la Bourse de New York pointe en légère hausse vendredi soir, soutenue par les résultats record d'Apple (+5,2%) et des achats à bon compte des investisseurs sur certaines grandes valeurs technologiques. Les taux d'intérêts font une pause après leur envolée des derniers jours après les annonces de la Fed, mercredi, qui se prépare à entamer un cycle de hausse de ses taux directeurs. Le pétrole a repris son ascension sur fond de crise ukrainienne.

A deux heures de la clôture, le Dow Jones reprend 0,16% à 34.213 points, tandis que l'indice large S&P 500 grimpe de 0,65% à 4.354 pts et que le Nasdaq Composite, riche en valeurs technologiques et biotechs, rebondit de 0,92% à 13.475 pts.

Du coté des valeurs, Apple grimpe de 5,2% après avoir publié des bénéfices et des ventes supérieurs aux attentes au dernier trimestre de 2021, grâce notamment au succès de l'iPhone 13 et de ses ordinateurs Mac. Parmi les autre "Gafa", Alphabet (+2,5%), Meta Platforms (+1,1%), Amazon (+1,4%) et Microsoft (+1,2%) reprennent le chemin de la hausse. Netflix en revanche rechute de 3%, et Tesla grappille 0,5% après un plongeon de 11,5% jeudi.

Les investisseurs continuent de digérer les annonces de la Fed mercredi soir, qui a signalé qu'il serait "bientôt approprié" de commencer à relever ses taux. Son président Jerome Powell a adopté un ton plus ferme qu'attendu, ouvrant la voie à un cycle de hausse des taux commençant sauf coup de théâtre à la prochaine réunion de mars.

Un cycle de 4 à 7 hausses de taux désormais attendu

M. Powell a estimé que la Fed disposait de "beaucoup de latitude pour relever ses taux directeurs sans peser sur le marché de l'emploi". Il n'a pas exclu de procéder à une hausse de taux lors de chaque réunion de la Fed jusqu'à ce que des progrès soient observés sur le front des prix. Il a aussi souligné que "l'inflation reste bien supérieure à notre objectif de long terme" de 2%, et que les problèmes d'approvisionnement "sont plus durables qu'estimé initialement".

Ces propos ont amené les stratégistes à revoir leurs prévisions de hausses de taux pour 2022. Alors qu'il y a quelques semaines, la plupart des experts tablaient sur 2 ou 3 relèvements du taux des fed funds, le principal taux directeur de la Fed, ils estiment à présent qu'il faudra au moins 4 tours de vis cette année pour juguler la flambée d'inflation qui accompagne la sortie de la crise du Covid-19.

Une grande banque américaine, Bank of America, s'attend même désormais à ce que la banque centrale américaine procède à non moins de 7 tours de vis d'un quart de point cette année, ce qui impliquerait une hausse à chacune des réunions prévues d'ici à la fin 2022 (mars, mai, juin, juillet, septembre, novembre et décembre). Si ce scénario se confirmait, le principal taux directeur américain passerait de sa fourchette actuelle de 0%-0,25% à 1,75%-2%.

L'inflation a pesé sur les dépenses des ménages US en décembre

Vendredi, la publication de l'indice "core PCE" a montré que cet indicateur d'inflation, le plus suivi par la Fed, s'est hissé à 4,9% sur un an en décembre 2021, au plus haut depuis 1982. Les revenus personnels des ménages américains ont augmenté moins que prévu en décembre, de 0,3% sur un mois, contre +0,5% de consensus et après +0,5% en novembre. Les dépenses personnelles de consommation se sont quant à elles tassées de 0,6%, contre -0,7% de consensus FactSet et +0,4% un mois auparavant.

Par ailleurs, l'indice du coût de l'emploi aux USA pour le quatrième trimestre, s'est apprécié de 1% en comparaison du trimestre antérieur, contre 1,2% de consensus. Il augmente de 4% sur un an.

Wall Street rebondit avec Apple et les grandes

Enfin, l'indice final du sentiment des consommateurs américains mesuré par l'Université du Michigan pour le mois de janvier 2022 est ressorti un peu moins haut que prévu, à 67,2, contre un consensus de marché de 68,6 et une lecture préliminaire de 68,8.

Pause dans la hausse des taux courts aux Etats-Unis

Sur les marchés obligataires, les rendements des emprunts d'Etat se sont un peu détendus vendredi soir après leur flambée provoquée par les annonces de la Fed, mercredi soir. Le taux du T-Bond à 10 ans s'affiche vendredi soir à 1,78% en baisse de 3 points de base, après un pic à 1,86% mercredi soir, près de ses plus hauts depuis décembre 2019. Le taux du "2 ans" américain, qui reflète l'évolution des taux courts, cédait 2 pb à 1,17%, après avoir atteint un pic à 1,22% en début de journée, au plus haut depuis début 2020, avant la crise du coronavirus. Le "2 ans" ne rapportait que 0,73% fin décembre.

Le dollar se stabilise après un bond de 1,3% jeudi, propulsé au plus haut depuis plus d'un an et demi par le ton plus "faucon" de la Fed. L'indice du dollar, qui mesure son évolution face à 6 devises de référence (euro, livre sterling, franc suisse, yen, dollar canadien et couronne suédoise) s'inscrit vendredi soir à 97,27 points (+0,01%). L'euro avance de 0,06% à 1,1149$, près de son plus bas depuis mai 2020.

L'or a encore perdu 0,5% pour retomber à 1.786,60$ l'once vendredi, après -2% jeudi (contrat à terme d'avril sur le Comex). Enfin, le bitcoin évoluait autour de 36.980$, en hausse de 2%sur 24 heures.

Les cours du pétrole sont repartis en hausse vendredi, le baril de brut léger américain WTI gagnant 0,6% à 87,16$ pour le contrat à terme de mars sur le Nymex, tandis que le Brent de mer du Nord gagnait 1,1% 90,35$ (contrat de mars).

VALEURS A SUIVRE

Apple (+5,2%) a publié jeudi soir après la clôture de Wall Street des bénéfices et des ventes record pour le dernier trimestre 2021, supérieurs aux attentes des analystes financiers. Toutes les branches du groupe, à l'exception des iPads, ont réalisé des ventes supérieures aux attentes. Pour son 1er trimestre fiscal, achevé fin décembre, Apple a dégagé pour la première fois un bénéfice net supérieur à 30 milliards de dollars. Les profits ont ainsi atteint un record de 34,63 Mds$ (un bénéfice par action de 2,10$) contre 28,76 Mds$ pour la même période de 2020 (+20,5%). Les ventes d'Apple se sont elles aussi établies à un niveau record de 123,95 Mds$ contre 111,44 Mds$ un an plus tôt (+11,2%). Le consensus des analystes est largement dépassé : il tablait sur un bpa de 1,90$ et sur des ventes à 119 Mds$.

Les ventes d'iPhone ont dépassé les précédents sommets à 71,63 Mds$ sur le trimestre achevé fin décembre contre 65,6 Mds$ un an plus tôt, alors que Wall Street s'attendait à 67,57 Mds$. L'iPhone, dont la 13e génération a été lancée à l'automne 2021, a représenté près de 58% des recettes totale du groupe sur ce trimestre. Les ventes d'ordinateurs Mac ont généré 10,85 Mds$ contre 8,68 Mds$ un an plus tôt, et là aussi dépassant le consensus, logé à 9,88 Mds$. Les ventes ont continué de profiter de l'essor constaté en 2020 lorsque le télétravail a entraîné des achats massifs d'ordinateurs portables. Seul bémol, les ventes de tablettes iPad ont atteint 7,25 Mds$ inférieures à la même période de 2020 (8,44 Mds$) et aux attentes de Wall Street (8,19 Mds$).

La branche wearables (dont l'Apple Watch) a dégagé un chiffre d'affaires de 14,7 Mds$ contre 12,97 Mds$ en 2020 et un peu supérieur au consensus (14,36 Mds$). Enfin, les services (dont le streaming d'Apple TV+, la musique et les jeux vidéo) ont rapporté 19,52 Mds$ contre 15,76 Mds$ un an plus tôt et 18,67 Mds$ de consensus. Les services ont représenté un peu moins de 16% des ventes totales du géant américain du numérique.

Malgré les difficultés liées à la pandémie de coronavirus et aux pénuries de composants, la firme à la pomme a dégagé sur l'ensemble de l'année calendaire 2021 un chiffre d'affaires record de 378,35 Md$ contre 294,1 Mds$ en 2020.

Comcast (+1,9%) a dépassé les attentes au quatrième trimestre 2021, affichant sur la période un bénéfice ajusté par action de 77 cents dépassant de 5% le consensus. Les revenus consolidés trimestriels se sont appréciés quant à eux de 9,5% à 30,3 milliards de dollars, 3% au-dessus du consensus de marché. Peacock, le service de streaming vidéo du groupe, peine en revanche à faire sa place sur un marché dominé par Netflix, Amazon et Disney. En outre, les additions de nouveaux clients dans le 'broadband' ralentissent. Peacock affiche plus de 24 millions d'utilisateurs actifs mensuels, à 75% de l'objectif du groupe pour ce service à l'horizon 2024, mais certains spécialistes jugent la performance un peu courte pour ce service prometteur.

Visa (+8,3%) a révélé hier soir des comptes trimestriels supérieurs aux attentes. Le titre grimpait de 5% après bourse à Wall Street. Pour son quatrième trimestre calendaire (premier trimestre fiscal), le groupe a dégagé un bénéfice ajusté par action de 1,81$, contre 1,69$ de consensus et 1,42$ un an avant. Les revenus du groupe ont totalisé quant à eux 7,06 milliards de dollars sur la période close, dépassant les attentes d'environ 4%. Ils étaient de 5,7 milliards sur la période comparable, l'an dernier. Visa a notamment bénéficié, sur le trimestre clos, des dépenses de voyages et de la consommation en ligne, qui ont soutenu les volumes.

Mondelez (-2,6%), le groupe agroalimentaire américain, a publié pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 71 cents, contre 72 cents de consensus de place et 67 cents sur la période comparable de l'an dernier. Le groupe aux marques Oreo, Cadbury ou Trident a réalisé des revenus trimestriels de 7,66 milliards de dollars, ce qui dépasse en revanche très légèrement les attentes de marché.

Chevron (-5%) trébuche à Wall Street, le groupe pétrolier américain ayant dévoilé un bénéfice trimestriel inférieur aux attentes de marché. Pour le quatrième trimestre, le bénéfice ajusté a représenté ainsi 5,1 milliards de dollars et 2,65$ par titre, à comparer à un consensus de 3,1$. Dans la production de pétrole et gaz, le bénéfice opérationnel a atteint 5,2 milliards de dollars, décuplant en glissement annuel, mais les marchés s'attendaient donc encore à mieux, alors que le titre atteignait des sommets historiques. La production mondiale de pétrole et gaz a été de 3,12 millions de barils par jour sur le quatrième trimestre, en baisse de 5%. Sur l'année, elle ressort à 3,1 millions de barils/jour, en légère augmentation.

Caterpillar (-6,5%), géant américain des engins de chantier, a battu le consensus de place en termes de profits sur le trimestre clos. Ses revenus ont également dépassé les attentes. Néanmoins, le groupe prévient aussi de pressions sur les marges avec les coûts de production. Pour le trimestre écoulé, 'Cat' a réalisé un bénéfice de 2,12 milliards de dollars, plus que doublé en glissement annuel. Sur une base ajustée, le groupe a dégagé un bpa de 2,69$. Les revenus se sont améliorés de 23% à 13,8 milliards de dollars, contre 13,2 milliards de consensus. Toutefois, la marge opérationnelle du premier trimestre pourrait donc souffrir de la hausse des dépenses salariales et de production. Le groupe prévoit de relever ses prix une fois encore cette année, afin de compenser l'impact des charges.

Colgate-Palmolive (-0,5%), acteur américain majeur des produits de consommation, a annoncé ses comptes du quatrième trimestre, marqués par des ventes en croissance de 2% et une progression organique de 3%. Sur une base GAAP, le bénéfice par action annuel a reculé de 19% à 2,55$. Le bpa ajusté de l'exercice a pour sa part augmenté de 5% à 3,21$. Les ventes annuelles se sont appréciées de 6%, dont 4,5% en organique. Le bénéfice net du quatrième trimestre a été de 148 millions de dollars soit 18 cents par action, contre 647 millions un an avant. Le bpa ajusté trimestriel a été de 79 cents, en ligne avec le consensus FactSet, tandis que les ventes ont été de 4,4 milliards de dollars. Le groupe anticipe une hausse des prix en 2022, et lance par ailleurs des initiatives d'économies.

Charter Communications (+4,2%), groupe américain de télévision par câble, téléphonie et Internet très haut débit, a annoncé pour le quatrième trimestre des revenus de 13,2 milliards de dollars, en augmentation de 4,7% en comparaison de l'an dernier, avec des revenus résidentiels en hausse de 5,1%. L'Ebitda ajusté du quatrième trimestre a été de 5,4 milliards de dollars, en augmentation de 8% par rapport à l'an dernier. Le bénéfice net attribuable aux actionnaires a totalisé 1,6 milliard. Sur l'année, le free cash flow a atteint 8,7 milliards de dollars, contre 7,1 milliards de dollars un an plus tôt. Le bénéfice net de l'exercice a été de 4,7 milliards de dollars.

Robinhood (+5,3%), le courtier en ligne phare de la période euphorique des 'meme stocks', trébuche à Wall Street ce jour. Le groupe a affiché une perte trimestrielle plus importante que prévu. La guidance de revenus est par ailleurs ressortie décevante pour le premier trimestre de cette année. Enfin, le nombre des utilisateurs actifs mensuels a reculé.

VF Corp (-7,3%), le détaillant américain en vêtements, a abaissé ses prévisions de revenus pour l'exercice, avec les délais de livraison et les problèmes de main-d'oeuvre.

Western Digital (-9,1%), le concepteur de disques durs, corrige à Wall Street ce vendredi. Le groupe a fourni en effet une guidance inférieure aux attentes pour le trimestre entamé. Les comptes du quatrième trimestre fiscal, période juste close, étaient pourtant ressortis solides quant à eux.