Grève générale contre l’obligation vaccinale en Guadeloupe : "les malades ont le droit de se faire soigner", réagit le directeur général adjoint du CHU de Pointe-à-Pitre

"Les malades n'ont rien demandé" et ils "ont le droit de se faire soigner", déclare Cédric Zolezzi, directeur général adjoint du CHU Pointe-à-Pitre/Abymes en Guadeloupe, invité de franceinfo mercredi 17 novembre, alors que la grève générale illimitée contre l’obligation vaccinale des soignants et contre le pass sanitaire en Guadeloupe entre dans son 3ème jour.

Au CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes, le dirigeant constate que le mouvement a pour l’instant peu d’impact sur l’activité de son hôpital. Dans son établissement, il déplore 12 % du personnel non-vacciné, et donc suspendu selon la loi du 5 août dernier sur l’obligation vaccinale des soignants. "On a dû se réorganiser avec un plan de continuité des activités, on ne peut pas faire exactement la même chose avec ou sans 12 % du personnel, même si tous ne sont pas soignants", explique Cédric Zolezzi. "On a dû trouver des modes dégradés pour préparer les repas, s'assurer que la blanchisserie fonctionne encore et puis revoir un peu le capacitaire au niveau médical et au niveau chirurgical."

Des filtrages à l'entrée de l'hôpital par certains syndicats

Cette grève générale ne se déroule pas sans tensions. Le directeur général adjoint du CHU décrit la montagne de pneus usagés devant l’hôpital, mais également les filtrages opérés par certains syndicats à l’entrée des bâtiments. Des étudiants des écoles paramédicales ont aussi été contraints d’être évacués en pleine évaluation. "Tout ça, on le regrette, mais on reste vraiment concentré sur notre mission. Les malades n'ont rien demandé. Ils ont le droit de se faire soigner. Ils sont là pour cela", rappelle Cédric Zolezzi. Malgré la mobilisation, le n°2 du CHU veut continuer la pédagogie concernant la nécessité de la vaccination, même si "il y a des personnes qui ne sont pas tellement à l'écoute d'un discours rationnel et qui ont besoin d'encore un peu de temps."

Pour l’heure, le Centre hospitalier n’a pas eu besoin de demander des renforts de personnel, bien que "nous craignons une cinquième vague". Cédric Zolezzi note la difficulté que pourrait rencontrer la Guadeloupe due à sa situation géographique, "nous sommes un territoire insulaire, lointain d’éventuels renforts. On souhaiterait donc éviter que la situation de la quatrième vague se produise encore." Cédric Zolezzi indique que le nombre de malades liés au Covid-19 actuellement hospitalisés dans son établissement a nettement baissé après trois semaines sous tension pendant la précédente vague épidémique, mais qu’il faut rester vigilant. "Nous vivons un peu au jour le jour", précise le n°2 du CHU de Guadeloupe.

Le président de la région Guadeloupe a indiqué mardi 16 novembre sur franceinfo, que le gouvernement a "laissé pour compte" l’archipel dans cette crise sanitaire. Des propos que le directeur général adjoint du CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes ne souhaite pas directement commenter. Il rappelle toutefois que pour son hôpital, "lorsque nous en avons eu besoin au niveau de la quatrième vague, nous avons eu des renforts massifs qui ont été déterminants, nous avons eu vraiment le sentiment, et plus que le sentiment, d'être aidés à la fois par les pompiers, le RSMA, et les renforts hexagonaux."

Le directeur général adjoint du CHU Pointe-à-Pitre/Abymes rappelle également que l'État finance à hauteur de 600 millions d'euros un futur CHU qui ouvrira ses portes à horizon 2023. "Il convient de réorganiser nos services pour entrer dans de nouveaux murs avec de nouvelles équipes et de nouvelles manières de travailler encore plus performantes. Et tout cela se prépare et demande du travail. Or, on va de crise en crise. Le temps passe et on a besoin de s'organiser et de travailler en ce sens sur le contenu", insiste Cédric Zolezzi.