Un officiel de Tsahal reconnaît une imprécision dans une récente frappe

Lundi, le porte-parole en langue arabe de Tsahal a déclaré que des messages qu’il avait publiés la semaine dernière étaient peut-être imprécis. Il avait affirmé qu’une frappe aérienne israélienne sur une maison de la bande de Gaza, qui avait tué une famille palestinienne de huit personnes, ciblait un terroriste.

Jeudi, Avichai Adraee avait écrit sur Twitter et Facebook que la frappe sur Deir el-Balah avait ciblé le chef d’une unité du Jihad islamique chargée de lancer des roquettes depuis le centre de Gaza. Il avait identifié l’homme comme étant Rasmi Abu Malhous. Il avait inclus une photographie montrant Abu Malhous, selon lui.

Pourtant, des officiels du ministère de la Défense ont déclaré au quotidien Haaretz que le Renseignement militaire israélien, le Commandement du sud et d’autres institutions israéliennes de la sécurité n’avaient aucune connaissance de ce qui avait été publié dans le message d’Adraee. Le journal a également annoncé avoir découvert que la source du post du porte-parole était des informations partagées sur une chaîne Telegram.

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L’un des officiels de l’armée a ajouté qu’Adraee a publié son message sans consulter ou vérifier l’information auprès de « la chaîne d’experts » de l’armée. L’officiel a dit qu’il aurait pu « immédiatement prouver que c’était faux ».

Un tweet du porte-parole de Tsahal en langue arabe, le colonel Avichay Adraee, comprenant des fausses informations sur la cible d’une frappe aérienne israélienne qui a tué une famille palestinienne de huit personnes, le 4 novembre 2019. (Capture d’écran)

« Le 14/11, nous avons annoncé que #Rasmi Abu Malhous, qui a été tué à Deir al-Balah, était un officiel du Jihad islamique. Mais les informations qui ont ensuite été disponibles ont soulevé des doutes sur la crédibilité de cette [annonce], qui n’est peut-être pas précise », a écrit Adraee dans un message de suivi publié dimanche.

« Dans un souci de vérité de l’information, la chose la plus importante, nous voulions publier cette clarification et laisser l’enquête déterminer la réalité dans cette affaire, et nous en tirerons des leçons », a-t-il dit.

Selon Haaretz, la maison qui a été ciblée dans la frappe jeudi matin dernier avait, dans le passé, été identifiée comme étant un site contrôlé par le Jihad islamique, mais les autorités n’avaient pas récemment confirmé ces informations. Le journal a également découvert que l’objectif de la frappe n’était pas de tuer un commandant du Jihad islamique, mais plutôt de détruire l’infrastructure appartenant au groupe terroriste.

Selon le journal, des habitants de Deir al-Balah ont décrit la maison comme une cabane en fer.

Avichai Adraee, porte parole de Tsahal en langue arabe (Capture d’écran : YouTube)

La semaine dernière, Israël et des groupes terroristes à Gaza se sont affrontés pendant deux journées, après que l’Etat juif a éliminé Baha Abu al-Ata, un haut responsable du groupe terroriste du Jihad islamique.

Un officiel de Tsahal reconnaît une imprécision dans une récente frappe

Lors de l’escalade des tensions, le groupe terroriste a tiré environ 450 roquettes et mortiers sur Israël, qui a répondu par de nombreuses frappes de représailles sur Gaza.

Parmi les huit victimes de la frappe sur Deir al-Balah, il y avait un homme de 45 ans appelé Rasmi Abu Malhous, deux femmes et cinq enfants âgés de 13 ans. Des officiels palestiniens ont déclaré que 12 autres personnes avaient été blessées dans la frappe aérienne.

Des voisins, qui ont accepté de s’exprimer à condition de garder leur anonymat, ont déclaré à l’Associated Press que le frère de Rasmi, qui était un commandant du Jihad islamique, selon eux, vivait dans la maison. Mais ils ont dit qu’il n’était pas là au moment de la frappe. L’article d’Haaretz n’affirmait pas qu’un agent du groupe terroriste vivait dans la maison.

Un autre voisin, qui s’est entretenu avec al-Wataniya, un journal d’information basé à Gaza, a déclaré que la famille n’avait aucun lien avec des groupes terroristes dans l’enclave côtière.

« Ces gens sont des civils. Ils ne sont pas impliqués dans la politique ou quoi que ce soit d’autre », a dit le voisin, dont le nom n’a pas été cité. « Ils ont un certain nombre de moutons, dont ils vivent. »

En date de dimanche après-midi, le post original d’Adraee du jeudi était toujours en ligne.

Interrogé sur la raison pour laquelle Adraee n’avait pas supprimé le message, un porte-parole de Tsahal a répondu : « Pour l’instant, les deux tweets sont toujours en ligne. »

Adraee a près de 1,5 million d’adeptes sur Facebook et près de 300 000 sur Twitter.

Un jeune Palestinien pieds nus et d’autres personnes regardent dans un cratère creusé par les tirs de missiles israéliens qui ont détruit une maison et tué huit membres de la famille Abu Malhous, à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, jeudi, 14 novembre 2019. (AP Photo/Khalil Hamra)

Plus tôt dimanche, l’armée a déclaré dans un communiqué que le post d’Adraee avait été rédigé sur la base des informations initialement reçues, et que la frappe ainsi que l’identification d’Abu Malhous étaient sous enquête.

« Les premières informations ont montré qu’un agent du Jihad islamique a été tué lors de l’attaque, apparemment un commandant de l’unité de roquettes du Jihad islamique. Cela a également été affiché sur le compte du porte-parole de Tsahal sur les réseaux sociaux en arabe », peut-on lire dans le communiqué.

« Un premier examen a montré que l’information concernant son identité n’est pas certaine. Le sujet de son identité, ainsi que les dommages causés aux civils par la frappe, fait l’objet d’un nouvel examen. »

Vendredi, l’envoyé des Nations unies au Moyen-Orient a appelé Israël à « faire avancer rapidement » son enquête sur cette attaque.

« Il n’y a aucune justification pour attaquer des civils à #Gaza, ou ailleurs. Quelle tragédie ! » a tweeté Nickolay Mladenov. « J’en appelle à #Israël pour qu’il avance rapidement dans son enquête. »

Le groupe terroriste palestinien du Hamas, qui dirige Gaza depuis plus d’une décennie, a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur cette attaque, ont déclaré vendredi à Fox News des responsables du groupe terroriste.

Abdelhaj Musleh, un autre voisin, a déclaré jeudi que la frappe aérienne est arrivée sans avertissement. « S’il y avait eu un avertissement, personne ne serait venu attendre cette mort et cette destruction », a-t-il dit.

Des Palestiniens pleurent les corps de Rasmi Abu Malhous et de sept membres de sa famille qui ont été tués dans une attaque de missiles israéliens visant leur maison, dans une mosquée pendant leurs funérailles dans la ville de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza, jeudi 14 novembre 2019. (AP Photo/Khalil Hamra)

La maison a été pratiquement désintégrée par l’explosion, laissant un grand cratère parsemé d’ustensiles de cuisine, d’oreillers et de matelas. Les voisins ont déterré huit corps et ont essayé de récupérer des sacs à dos scolaires et des vêtements.

« Quand nous sommes arrivés, nous ne savions pas où se trouvait la maison », dit Musleh. « L’attaque aérienne visait intentionnellement des civils. »

Alors que l’armée israélienne a déclaré que 25 terroristes avaient été tués pendant les combats, les observateurs palestiniens des droits de l’Homme ont déclaré que le bilan de 34 morts comprenait 18 agents terroristes et 16 civils. Il s’agissait de trois femmes et de huit mineurs.

Alors qu’Israël revendique la victoire dans sa dernière bataille contre les groupes terroristes de Gaza, sa tactique consistant à effectuer des frappes aériennes sur des maisons privées soupçonnées d’abriter des terroristes pourrait une fois de plus faire l’objet d’un examen attentif au nombre de civils tués.

Les terroristes palestiniens ont également fait l’objet de critiques internationales pour avoir tiré des roquettes sans discernement sur des zones civiles israéliennes. Au cours de plusieurs jours de combats la semaine dernière, le Jihad islamique a tiré quelque 450 roquettes sur Israël, la plupart d’entre elles ayant atterri dans des zones non bâties ou interceptées par le système de défense du Dôme de fer d’Israël.

Depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2007, Israël a mené trois guerres et des dizaines d’escarmouches contre des groupes terroristes. Alors que les guerres ont infligé de lourds dommages au Hamas et au petit groupe du Jihad islamique, des centaines de civils ont également péri dans les frappes aériennes israéliennes.

Le nombre de civils tués a fait l’objet de vives critiques internationales et la CPI de La Haye a ouvert une enquête préliminaire sur les tactiques d’Israël sur le champ de bataille.

Israël rejette cette critique, affirmant qu’il prend de nombreuses précautions pour éviter des pertes civiles inutiles.

Des Palestiniens sont assis au milieu des décombres de leur maison détruite à la suite des tirs de missiles israéliens nocturnes, dans la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, le jeudi 14 novembre 2019. (AP Photo/Khalil Hamra)

Il affirme que ses cibles sont basées sur des renseignements sophistiqués et qu’elles sont autorisées par des conseillers juridiques et d’autres experts, et qu’il avertit souvent les habitants d’évacuer avant que leurs maisons ne soient frappées. Il dit qu’il a peaufiné ses missiles guidés, en livrant de petites charges utiles qui minimisent les dommages au-delà de la cible précise.

« Nos opérations contre le Jihad islamique ont été très précises, très délibérées, basées sur le plus haut niveau de renseignement dont nous disposions », a déclaré le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole militaire, aux journalistes jeudi après l’annonce du cessez-le-feu.

« L’une des considérations clés était et demeure de limiter dans toute la mesure du possible les dommages collatéraux et les effets sur les non-combattants », a-t-il ajouté.

Israël fait valoir que les pertes civiles sont inévitables dans l’environnement urbain densément peuplé de Gaza. Les terroristes tirent souvent des roquettes à partir de zones résidentielles surpeuplées, ce qui entraîne des représailles israéliennes, et Israël accuse les terroristes d’utiliser les civils, y compris leurs propres familles, comme boucliers humains.

Judah Ari Gross et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.