Plus solidaire, plus écolo, plus spirituel : nos conseils pour fêter Noël autrement

Au fil des ans, Noël est devenu le festival de l’hyperconsommation et de l’individualisme. Nombreux sont ceux qui désirent vivre cette fête davantage en cohérence avec le message originel de la célébration de l’Incarnation : sobriété, simplicité, convivialité. Voici quelques conseils pour se préparer à vivre la Nativité autrement.

1. Un Noël plus solidaire

N’attendez pas. Pour faire de la fête un vrai moment de partage, mieux vaut s’y mettre dès le début de décembre. Et quoi de mieux que l’Avent, justement un temps d’attente et de mise en route, pour se préparer intérieurement… ou en termes de logistique ?

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Par où commencer ? Avant tout, partez des besoins des associations plutôt que de vos propres idées ou envies. De nombreuses structures organisent des réveillons solidaires avec les personnes isolées, d’autres, des actions sur le long terme. Pour y voir plus clair, prenez contact avec les associations les plus proches de chez vous, pour identifier leurs besoins : bénévolat, don d’argent, de nourriture, vêtements ou jouets ? Votre démarche sera ainsi plus productive.

Le Secours populaire, par exemple, vient de lancer la campagne nationale des Pères Noël verts. Le principe : organiser des actions (collecte, papier cadeau à la sortie des magasins, soirées caritatives) tout au long du mois de décembre, pour permettre aux familles accueillies toute l’année de fêter Noël à la maison avec des cadeaux et un repas amélioré.

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De son côté, la Fondation de France organise des Réveillons de la solidarité pour 25 000 personnes seules et fragilisées, partout en France. De nombreuses paroisses organisent également un réveillon solidaire, notamment dans le cadre de l’opération Hiver solidaire dans plusieurs diocèses. Et les besoins sont loin de s’arrêter là !

Au-delà de l’aspect associatif, les initiatives individuelles sont aussi les bienvenues. Jeune maman, Solweig a décidé de fabriquer un calendrier de l’Avent inversé. Au lieu de contenir un petit chocolat, l’initiative invite à faire un geste solidaire par jour : un petit sacrifice, de l’aide à un inconnu…

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« Et le week-end, il y a un petit cadeau spirituel et une invitation à un moment de qualité le dimanche, explique la jeune catholique. Noël est l’occasion de faire plaisir à ceux qu’on aime, mais pour ceux qui ne peuvent pas se le permettre, j’ai voulu profiter de l’Avent pour offrir un peu de mon temps, de l’argent et des produits de première nécessité à ceux qui en ont besoin. Ça permet aussi de me préparer intérieurement à la fête de Noël. » Attention, là encore, mieux vaut toujours se renseigner avant sur les besoins réels des personnes, pour que la générosité soit vraiment attentive, et pas écrasante.

2. Un Noël plus écologique

Plus solidaire, plus écolo, plus spirituel : nos conseils pour fêter Noël autrement

Guirlandes électriques, papier cadeau, surconsommation… Tous les ans, la fin du mois de décembre est sujette à beaucoup d’excès, qui ont des répercussions directes sur le plan écologique. Or, de nombreuses alternatives plus durables existent.

D’abord le menu du réveillon. Pourquoi ne pas opter pour des substituts au foie gras, qui est produit à partir du gavage forcé d’oies ou de canards, ou au caviar, composé d’œufs d’esturgeons dont l’espèce est menacée ? Sans renoncer complètement aux classiques de saison, le saumon bio ou sauvage, les huîtres (dont la coquille va au compost) ou la langoustine bio peuvent être des choix plus écologiques.

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Encore mieux : le repas végétarien ! Selon l’Institut national de recherche agronomique, il faudrait environ 15 000 l d’eau pour produire un kg de viande. Alors, cette année, pourquoi pas des légumes en chaussons ou un risotto aux champignons ?

Engagée dans une démarche zéro déchet depuis trois ans, Éléonore et son mari ont voulu l’appliquer à leur façon de fêter Noël. Et cela commence… par le papier cadeau. « Ça m’a toujours fait mal au cœur de voir tout ce papier jeté, qui est souvent non recyclable. » Alors, la Dijonnaise l’a remplacé par d’immenses sacs en tissu, ou a réutilisé des boîtes en carton. « Je me sers le plus souvent de sac en kraft pour les cadeaux aux amis, et en tissu pour la famille. »

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Pour lutter contre l’accumulation sous le sapin et la surconsommation, il peut aussi être intéressant de reconsidérer ce que l’on s’offre : cadeaux dont la fabrication et les matières premières sont de qualité afin qu’on les conserve plus longtemps ; cadeaux immatériels comme des places de concert ou un soin du visage ; cadeaux utiles plutôt que des gadgets, en demandant aux uns et aux autres de quoi ils ont vraiment besoin…

D’autre part, les produits de seconde main s’imposent de plus en plus dans la façon de consommer des Français, ce qui limite l’empreinte carbone des objets – tout en étant plus économique. Pour les achats d’objets, livres, jouets ou vêtements d’occasion, de nombreux sites et applications existent : label-emmaus.co, videdressing.com, luckyfind.fr ou vinted.fr. Attention toutefois à leur effet addictif !

3. Un Noël plus spirituel

Et parce que l’Avent sert avant tout à se préparer intérieurement à la fête de Noël, l’incontournable calendrier de l’Avent peut être une belle façon de vivre un temps spirituel (du moment qu’il ne se limite pas à la découverte de chocolats !). Les éditions de l’Emmanuel viennent par exemple de sortir un calendrier Fratelli tutti, inspiré de la dernière encyclique du pape François. Les applications de prière YouPray et Hozana proposent également un petit temps spirituel par jour pendant les quatre semaines qui précèdent Noël.

Certaines abbayes invitent aussi les volontaires à venir passer quelques jours pour se préparer à la naissance du Christ. Après une année de pause Covid, une soixantaine de monastères en France et en Belgique accueillent des jeunes pour vivre des week-ends spirituels et de ressourcement, jusqu’au 18 décembre. Nom de l’opération : Break au monastère.

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Et pourquoi ne pas sauter pleinement le pas et vivre la nuit de Noël dans une abbaye ? De nombreux moines et moniales proposent à ceux qui le souhaitent, seul ou non, de venir vivre un temps spirituel pour le réveillon du 24 décembre ou même du 31. C’est le cas, notamment, des frères dominicains de la Sainte-Baume, dans le Var. Du 21 au 25 décembre, ils proposent une retraite intitulée Noël provençal, au pied du massif de la Sainte-Baume, en Provence.

Les Foyers de charité organisent également plusieurs retraites en France, de même que l’abbaye de Rhuys qui propose une retraite de Noël sur le thème « Notre Dieu est un Dieu surprenant ! » Bref : les propositions ne manquent pas, alors prenez date dès maintenant !

« L'essentiel réside dans la relation »Témoignage de Charlotte et Jean-Jacques Schmitt, six enfants, coopérants Fidesco pendant deux ans à Madagascar.« Les Malgaches ne placent la crèche que le jour de Noël. Ils vivent ainsi un véritable Avent, temps de préparation de nos cœurs à la venue du Sauveur, sans course aux cadeaux. En 2019, nous sommes allés dans le village de notre nounou le 25 décembre. Nous avons offert de minuscules présents – crayon, bague, peluche, etc. – pour chaque enfant et partagé nos deux gâteaux en… 70 parts ! Chacun tenait sa micropart comme si c'était un trésor, c'était très attendrissant. L'an passé, mon mari s'est déguisé en père Noël. Ce fut une explosion de joie ! Ils savent s'amuser avec si peu. À Madagascar, Noël est une grande fête familiale. Presque tout l'argent passe dans le menu : les Malgaches achètent un poulet, une oie voire un porc, et du riz. Il n'y a souvent ni entrée ni dessert. Ils sont pauvres mais ils sont ensemble. L'essentiel réside dans la relation. En France, la misère égale celle de Madagascar. Ici, elle est plus d'ordre social qu'économique. Combien de personnes fêtent Noël seules… En 2016 déjà, nous avions souhaité inviter une personne isolée, mais aucune association n'avait de contact à nous donner. Nous avons pourtant ajouté un couvert à notre table de fête. A la messe, un homme s'est assis à côté de nous. Nous l'avons invité. Il a fondu en larmes : c'était un prêtre en retraite, très ému de vivre ce moment chaleureux avant de regagner son Éhpad. Cette année, nous aimerions participer en famille au réveillon du 31 décembre organisé par les Petits Frères des pauvres, avec des personnes âgées. » Interview Stéphanie Combe