Toulouse. Midica, Intersport, Blackstore… Malgré la crise, ce groupe ouvre de nouvelles enseignes

Par Guillaume Laurens Publié leActu ToulouseVoir mon actu

C’est un « groupe régional, familial et indépendant ! » Directeur général de Gefiroga, Olivier Garrigou, petit-fils de Marcel Garrigou, le fondateur de Midica, tient bec et ongles à ce triptyque, qui incarne l’ADN et le succès de cette saga familiale depuis 75 ans.

Malgré la crise, Gefiroga, maison-mère du célèbre magasin de décoration Midica, implanté depuis 1946 en centre-ville de Toulouse, a continué à se développer, et à créer des emplois. « On en a pris plein la figure, mais malgré ces deux années de grande violence, on a plein de projets et d’ambition », témoigne Olivier Garrigou.

Outre le grand magasin Midica et son restaurant Gigiland, implanté depuis 2019 au 4e étage de la bâtisse avec un rooftop, Gefiroga exploite désormais neuf magasins Intersport et deux magasins Blackstore.

Le Covid, « un révélateur de résilience »

« Le Covid a été un révélateur de la résilience de notre groupe », avance même Olivier Garrigou. Gefiroga a profité des fermetures imposées à ses magasins pour les rénover, mais aussi pour dispenser des formations à ses personnels. Accueil, préparation des commandes sur Internet, merchandising, restauration… « Plus de 10 000 heures de formation ont été délivrées depuis le début de la pandémie aux équipes, afin de les aider à traverser ces périodes difficiles et d’en sortir plus fortes ». Et aujourd’hui, estime-il, « cela a permis une émulation collective ».

Plus d’emplois qu’avant la crise

Gefiroga compte actuellement 370 collaborateurs, contre environ 350 avant la crise, alors même que le chiffre d’affaires, qui s’établissait à 60 millions d’euros en 2019, a chuté d’environ 15 % l’année suivante.

Et si les premières vagues du Covid ont eu un énorme impact sur l’activité, le groupe a réussi « depuis août 2021 » à retrouver une activité proche de la normale. Les estimations pour 2021 permettent même d’espérer une hausse du chiffre d’affaires global, qui pourrait approcher les 68 millions d’euros.

Au regard des développements et des projections de l’activité sur 2021, le groupe devrait disposer d’un effectif de 400 personnes à la fin de l’année.

La clé, assure Olivier Garrigou, c’est un atout auquel le groupe « n’a jamais renoncé » depuis 75 ans : l’indépendance. Gefiroga a pu compter sur le soutien public et un Prêt garanti par l’État de 4,5 millions d’euros « qui a été entièrement utilisé », mais selon lui, c’est surtout « son autonomie financière qui a permis au groupe de résister à la crise, en préservant les emplois » et même en embauchant des collaborateurs supplémentaires, avec l’ouverture de nouveaux magasins.

Un nouvel Intersport à Mazamet

Chez Gefiroga, « tout est réinvesti dans la boîte », insiste Olivier Garrigou, qui possède le capital du groupe avec son père et sa sœur. Résultat : malgré les turbulences, le groupe a veillé à poursuivre son développement pendant la crise, pour une moitié grâce à ses fonds propres, pour l’autre à de l’emprunt.

Toulouse. Midica, Intersport, Blackstore… Malgré la crise, ce groupe ouvre de nouvelles enseignes

Le 4 août dernier, il a ouvert les portes de son neuvième Intersport. Implanté sur la commune de Mazamet (Tarn), sur une ancienne friche commerciale réhabilitée à côté du Leclerc, ce nouveau magasin de quelque 1 700 m2 a permis de créer « 14 emplois locaux ». C’est précieux, et c’est à rebours de « ceux qui choisissent de déserter les territoires ruraux et petites villes pour se concentrer dans les grandes agglomérations », soulèvent les gérants de Gefiroga, qui mettent un point d’honneur à « se rapprocher » de leurs clients.

Bientôt un nouvel Intersport près de Toulouse

Mais le développement de Gefiroga ne s’est pas arrêté à la capitale de la Montagne Noire. Avant Mazamet, c’est à Bessières (Haute-Garonne), une ville de 4 000 habitants au nord de Toulouse, qu’il a inauguré un autre magasin Intersport. C’était en mai 2020, entre deux confinements…

Et ce n’est pas fini : dans les deux ans à venir, il projette d’ouvrir un nouvel Intersport dans l’agglomération de Toulouse, où il en compte déjà quatre : Labège, Purpan, Rouffiac et Blagnac.

Dans la même logique, le groupe va doubler dès 2023 la surface de vente de son magasin Intersport de Cahors (Lot) pour atteindre 2 400 m2.

Deux nouveaux Blackstore aussi

Pour ce qui est de l’enseigne multimarques de mode Blackstore, après deux ouvertures magasins à Albi (Tarn) et Montauban (Tarn-et-Garonne), il en prévoit deux autres d’ici l’été 2022, « l’un à Carcassonne (Aude), l’autre dans la région également ».

L’ouverture de ces différents magasins « a permis d’amortir la crise et de compenser partiellement la perte de chiffre d’affaires du groupe en 2021 ».

Gefiroga entend encore poursuivre cette expansion, toujours avec une stratégie « d’implantation territoriale proche des gens », et « dans un rayon de deux heures maximum » autour de la Ville rose, épicentre du groupe.

Digitaliser le commerce oui, mais par le biais des magasins

Le Covid a également permis à Gefiroga de mettre les bouchées doubles sur le numérique. Amorcée avant la crise, la digitalisation de l’activité commerciale a connu ces derniers mois une accélération fulgurante. Pour être en capacité de répondre « aux nouveaux modes de consommation qui oscillent aujourd’hui entre shopping réel et achats ou repérages sur le net », le groupe a changé de braquet face aux achats en ligne.

Olivier Garrigou veut s’attacher à « marier les deux » et estime que « si on considère que notre entrepôt, c’est le magasin, on ne fait que conforter ce dernier ».

L’essor du numérique est surtout ressenti au sein des magasins Intersport, qui sont une coopérative d’indépendants en réseaux. Ici, ce n’est pas un entrepôt national qui dessert les commandes en ligne, mais bien chaque boutique adhérente au réseau.

« On a gagné trois ans grâce au Covid »

« Grâce à la période Covid, on a gagné trois ans sur nos objectifs de digitalisation », table même Richard Hernandez, qui gère le groupe aux côtés d’Olivier Garrigou. Le chiffre d’affaires web est passé de 300 000 euros en 2019 à un prévisionnel de 3 millions d’euros pour 2021. Dix fois plus… « Ce succès-là, on ne l’avait pas mesuré », développe Olivier Garrigou. « Certains de nos magasins font désormais 10 % de leur chiffre d’affaires sur le web ».

Même Midica et son catalogue de déco se sont mis il y a deux ans sur la toile, en même temps que l’enseigne développait ses livraisons en ville. Elle dispose depuis sa rénovation en septembre 2019 d’un site marchand, où elle propose une sélection de produits en ligne, soit 3 500 références sur les 18 000 disponibles en boutique.

À lire aussi

Intersport mise sur ses vélos made in France

Autres fiertés du groupe : faire dans les rayons « une place de plus en plus grande » aux produits made in France, aux côtés de ceux importés, et mettre un point d’honneur à « relocaliser au maximum » ses activités. Là encore, Olivier Garrigou cite en exemple son enseigne de distribution d’articles de sport. Alors que la plupart de ses concurrents connaissent actuellement des ruptures de stocks de vélos à l’issue des confinements, le réseau est approvisionné sans trop de soucis par la Manufacture française du cycle, dernière usine tricolore de fabrication de vélos en Loire-Atlantique, qu’Intersport a racheté – et sauvé – en 2013. Avec à la clé, « des délais rapides et des emplois locaux ». C’est de cette usine que sortent aujourd’hui 600 000 vélos par an, l’enseigne étant désormais propriétaire de deux marques de cycles fabriqués en France : Nakamura, mais aussi Sunn, rachetée il y a 8 ans à la barre… du tribunal de commerce de Saint-Gaudens.

Des forêts rachetées dans la région, pour créer à terme ses propres objets en bois

Après avoir travaillé pendant 15 ans pour le ministère de l’Écologie, comme ingénieur agronome, ingénieur des ponts, des eaux et forêts, Olivier Garrigou a pris en 2017 la succession de son père Roland à la direction générale de Gefiroga, mais il n'oublie en rien son parcours et veut mettre un point d'honneur à "transformer le groupe vers un meilleur impact environnemental". Gefiroga est notamment entré en 2018 au capital de BlueBees, première plateforme de financement participatif dédiée à l'agroécologie et à l'alimentation responsable, "qui a permis à ce jour de préserver plus de 6 200 hectares de terres agricoles et levé plus de 9,5 M€ pour des projets ruraux écologiques".En 2019, le groupe a fait l'acquisition de 230 hectares de forêt en Ariège et dans le Tarn, et créé "une société dédiée à la gestion forestière durable et à la production de bois", Forega. "L'ambition, c'est que ce bois serve un jour à fabriquer les objets vendus chez Midica, pour éviter l'approvisionnement international", développe Olivier Garrigou. Le cap est là, mais la route est longue : "De l'arbre à la table, il y a beaucoup d'étages !".

.

Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Actu Toulouse dans l’espace Mon Actu . En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.

Partagez

Actu ToulouseVoir mon actu