Ron Vlaar et la manière

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À 35 ans, Ron Vlaar a dit stop et vient de tirer un trait sur une carrière débutée et achevée à Alkmaar. Dans sa jolie boucle bouclée, le défenseur central néerlandais a connu quelques zigzags, mais « Ron Beton » a surtout trouvé la quadrature du cercle lors de sa formidable Coupe du monde 2014, achevée à la troisième place avec les Oranje.

Par Douglas de Graaf Modififié
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Ron Vlaar et la manière
C'est hélas souvent le lot des hommes de l'ombre qui se prennent la lumière des projecteurs d'une Coupe du monde en pleine face. À 29 ans, en 2014, pas grand monde n'attend grand-chose de Ron Vlaar. Pas grand monde n'attend de toute manière grand-chose des Pays-Bas, en pleine reconstruction dans leur façade arrière. Hérésie nationale, le sélectionneur Louis van Gaal opte même pour un système à trois centraux. Un système dans lequel Vlaar est censé apporter un brin d'expérience et de roublardise à deux jeunes oiseaux de 22 ans, Stefan de Vrij et Bruno Martins Indi (tous deux de Feyenoord). La star, c'est le système. Mais le système va aussi avoir sa star.

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Des stars, il y en a pourtant encore de beaux morceaux chez les Oranje. L'incassable trio Sneijder-Robben-Van Persie occupe toujours le devant de la scène et rappelle, lors de la mémorable raclée en ouverture contre le champion du monde en titre espagnol (5-1), que leur magie peut resurgir à tout moment. Mais alors que les matchs couperets se dessinent, on se rend vite compte que la baguette des magiciens n'a plus de sorts à distribuer. Et s'il y a bien un sorcier pour mener le combat contre les forces obscures, c'est Ron, le fidèle compagnon de l'ombre, qui fait régner la loi dans le dos des Harry.
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Xavi, Iniesta, David Silva, Diego Costa ? Impuissants pour tromper la vigilance de « Ron Beton » , qui laisse « Air Van Persie » et « la fusée Arjen » récolter les lauriers face à la Roja, alors que la performance défensive des Oranje aurait aussi mérité tous les honneurs. Après une grosse frayeur contre l'Australie (3-2) à la suite de l'exploit, Vlaar sonne la fin de la récréation : les Pays-Bas n'encaisseront plus qu'un but (en cinq matchs) sur leur chemin jusqu'à la troisième place.
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Sa demi-finale face à l'Argentine (0-0, 2-4 t.a.b), notamment, est un chef-d'œuvre du genre. Face à lui ? Lionel Messi. Vu que le génie du Barça se débarrasse facilement de ses petits copains, l'immense Vlaar est appelé à jouer les pompiers de service. Et là, « la Pulga » vaut vraiment son surnom. Colossal, le roc d'Aston Villa se dresse inlassablement sur la route de Messi, à base d'interventions bien senties, de grands coups d'épaule et de tacles de mammouth. Le nombre de duels qu'il a perdus face au mage du Barça et ses disciples, ce soir-là, se compte sur le bout des doigts. L'hôte brésilien subira le même sort lors de la petite finale (3-0). Et si les mauvaises langues préférent retenir son tir au but manqué contre l'Argentine, précipitant l'élimination des siens, « Ron Beton » aura laissé une trace pour toujours dans le cœur des Néerlandais, qui avaient perdu la sensation d'être couvés par un tel chef de défense.

L'héritage de Vlaar

Miné par les blessures (une rupture des ligaments croisés, notamment, qui plombe son transfert à la Lazio juste après le Mondial) et englouti par le contrecoup de son exploit, Vlaar ne réussira pas à enchaîner. Et c'est finalement à cause de son corps qu'il est forcé de tirer sa révérence à l'AZ. Mais l'essentiel est ailleurs : dans une vision romancée de l'histoire, celui qui n'a connu que trois clubs (Alkmaar, Feyenoord et Aston Villa) peut être considéré comme un pionnier. Le poste de défenseur central « sale » n'a jamais été perçu comme sexy aux Pays-Bas, libéros flamboyants à la Ronald Koeman et exception à la Jaap Stam mis de côté. Mais lui, le quasi-trentenaire dégarni à la tronche de taulard, à la dégaine de gorille et aux pieds carrés, a contribué à lui redonner une place singulière dans la patrie orange.
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Vous avez un physique encombrant et peu de délicatesse avec le ballon ? Pas grave, jeunes footballeurs néerlandais, c'est ainsi que Ron Vlaar a dévoré Messi un soir d'été brésilien. Et sans même employer la méthode forte, comme ce fut le lot des bouchers oranje lors de la précédente Coupe du monde. En contemplant l'état flamboyant de la défense néerlandaise aujourd'hui (Van Dijk, De Vrij), et avec des malabars qui font avant tout la loi dans le duel (De Ligt, mais aussi le Lillois Sven Botman), « Ron Beton » a bien le droit de se dire qu'il a ouvert la voie et que, quelque part, c'est un petit peu grâce à lui.Par Douglas de Graaf
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