Les vêtements des prisonniers contribuent à la sécurité des pénitenciers

S'il est vrai que l'habit fait l'homme, le voleur condamné Kevin Roberts estime que le fait de porter un survêtement orange au pénitencier Her Majesty de Saint-Jean à Terre-Neuve, n'en fait pas un meilleur homme.

Publié le 1er mai 2016Sue Bailey LA PRESSE CANADIENNE

«Nous sommes ici pour réhabiliter les gens, non?, a-t-il dit en prenant place dans une petite salle d'entrevue dans la plus grande prison de Terre-Neuve-et-Labrador. Les vêtements n'aident pas. Absolument pas.»

Les détenus de la prison ont commencé à porter des combinaisons standards cette année au lieu de leurs propres vêtements afin de diminuer la contrebande et l'intimidation liée à l'apparence.

Terre-Neuve-et-Labrador a emboîté le pas à d'autres provinces, dont l'Ontario, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse, où les détenus sont habillés par les pénitenciers.

«Ça rend absolument l'institution plus sécuritaire pour les détenus et le personnel», a déclaré Owen Brophy, le surintendant des prisons de la province.

«Nous avons connu des ennuis avant puisque les drogues de contrebande étaient cachées dans les coutures des vêtements, et dans les semelles des souliers, qui étaient décollées puis recollées», a-t-il expliqué.

Les vêtements des prisonniers contribuent à la sécurité des pénitenciers

Toutes sortes d'objets ont pu se faufiler dans la prison - des aiguilles, aux clés de menottes - grâce à la couture inventive de certains détenus, a dit M. Brophy.

«Nous avions un gros problème avec les détenus qui faisaient de l'intimidation et qui s'en prenaient aux autres pour s'emparer de leurs vêtements haut de gamme comme les souliers, les chandails et les vêtements d'entraînement», a-t-il ajouté.

Les détenus peuvent toujours acheter des souliers de course à la cantine de la prison, mais les autres items sont maintenant fournis grâce à un montant de 100 000$ prévu dans le budget provincial de l'an dernier, a-t-il indiqué.

Il s'agit là d'un projet pilote au pénitencier Her Majesty qu'il aimerait implanter dans les autres centres correctionnels de la province.

Ottawa s'occupe également d'habiller les détenus dans les prisons fédérales - ceux qui purgent des peines de deux ans ou plus - mais il adopte une approche différente.

«Je ne veux pas dire "uniforme"», a dit Ghislain Sauvé, le directeur général des services techniques et des établissements pour Service correctionnel Canada. Il supervise 43 institutions de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse, qui logent environ 14 000 hommes et 650 femmes.

Les détenus masculins du pays obtiennent un ensemble standard de vêtements, ce qui inclut des jeans, des chandails à manches courtes verts, des polos et des sous-vêtements qu'ils doivent eux-même laver.

Les vêtements fournis par la prison aident le personnel à distinguer les détenus des bénévoles, du personnel d'entretien et des autres visiteurs, a soutenu M. Sauvé en entrevue. Les détenus des prisons fédérales fabriquent également la majorité des vêtements dans le cadre des programmes d'emploi des pénitenciers.

«Nous avons une standardisation pour dire qui est qui, mais nous ne sommes pas au point de leur donner une seule combinaison. Nous voulons encore que les gens portent des vêtements qu'ils reconnaîtront comme tel, pour qu'ils ne les considèrent pas comme quelque chose qu'ils porteraient seulement en établissement», a-t-il souligné.

L'objectif est de ne pas dissocier les prisonniers des communautés que la plupart réintégreront plus tard. «Nous voulons nous assurer, autant que possible, que nous allons aider le contrevenant à se réhabiliter et à refaire son chemin dans la société», a-t-il précisé.