Quel type de masques utilisent les Asiatiques dans l’espace public ?

Question posée par Sylvie le 03/05/2020

Bonjour,

Il existe schématiquement trois grandes catégories de masques. D'abord les masques de type FFP2 (et parfois FFP3), plus épais et plus protecteurs. Ensuite les masques chirurgicaux, plus fins, qui sont abondamment utilisés dans les hôpitaux en temps normal, car ils évitent les projections. Viennent enfin les masques «faits maison», généralement en tissu. Ils assurent un faible niveau de protection mais se répandent d'autant plus, en France, que les «vrais» masques font défaut, notamment du fait des manquements de l'Etat dans la gestion des stocks.

Sans prétendre à l'exhaustivité, mais pour avoir un aperçu de la situation dans les différents pays d'Asie, CheckNews a demandé aux correspondants et correspondantes de Libération dans la région de décrire, en quelques mots, comment les masques étaient utilisés et quels types de masques étaient portés par le grand public. Leurs réponses laissent entrevoir une grande variété de situation selon les pays. Pour plus d'informations sur les situations locales, vous pouvez cliquer sur le nom de chaque auteur afin de lire ses derniers articles dans Libé.

Vous nous avez aussi demandé :Ce schéma sur l'efficacité des masques est-il juste?

Cambodge : certains vont jusqu’à laver les masques chirurgicaux

Juliette Buchez : «Ici, le masque était un peu moins présent que dans d'autres pays asiatiques avant le Covid-19. Certains l'utilisaient déjà lorsqu'ils étaient malades, mais ça restait moins courant que dans d'autres pays de la région. Depuis le début de l'épidémie, quand des clusters, peu nombreux, apparaissaient, le port du masque devenait presque systématique. Mais ces dernières semaines, il y a du relâchement, puisque aucun nouveau cas n'a officiellement été dépisté en vingt-quatre jours (avec des grosses interrogations sur les chiffres compte tenu de la campagne de dépistage pour le moins limitée).»

La correspondante de Libé au Cambodge constate que c'est surtout dans les villes que le masque est porté, même s'il est de moins en moins, car «l'urgence économique reprend le pas sur l'urgence sanitaire». Concernant les types de masques, la journaliste développe : «Très peu de masques de type FFP2 ou FFP3, certainement en raison de leur coût. Depuis le début, ce sont principalement des masques chirurgicaux qui sont portés – certains vont parfois jusqu'à les laver, notamment parce qu'ils n'ont pas les moyens d'acheter des masques continuellement – ou bien des masques en tissu, qu'on voit un peu partout depuis janvier-février.»

Chine : très peu de masques faits maison

Quel type de masques utilisent les Asiatiques dans l’espace public ?

Zhifan Liu : «Le masque est toujours obligatoire à Pékin, même si on sent un peu de relâchement notamment chez certaines personnes âgées. Je vois très peu de masques faits maison. Les masques sont facilement trouvables dans n'importe quelle supérette désormais. Je dirais que la répartition est plus ou moins équivalente entre masques chirurgicaux et masques plus élaborés types FFP2 ou FFP3. En temps normal, à cause de la pollution, beaucoup de Chinois sont habitués à mettre ces masques FFP2 au quotidien.»

Corée du Sud : une large majorité de masques dans les rues de Séoul

Louis Palligiano : «Tous les Sud-Coréens continuent de porter des masques dans les transports en commun. Ça n'a pas changé depuis début février. Dans les rues de Séoul, environ 80% des gens en mettent encore. On voit environ une moitié de KF94, l'équivalent des FFP2. Viennent ensuite, loin derrière, les masques médicaux à usage unique et les KF80 beaucoup moins filtrants. Les masques KF99 très filtrants sont rares. Je n'ai quasiment pas vu de masques en tissus fait maison ni d'écharpes, soutiens-gorge ou autres en guise de masques.»

Hongkong : «Tout le monde porte un masque»

Anne-Sophie Labadie : «Tout le monde porte un masque depuis des mois. L'écrasante majorité des gens a des masques chirurgicaux, qui sont disponibles à nouveau, alors qu'il y avait pénurie en janvier et début février. Parfois on voit des FFP2, parfois aussi des masques à gaz (de manifestation). Quand il y a des masques en tissu, ils recouvrent souvent des masques chirurgicaux.» Le gouvernement hongkongais vient par ailleurs d'annoncer la distribution de masques lavables et réutilisables pour l'ensemble des résidents de la cité-Etat.

Inde : surtout des masques en tissu

Sébastien Farcis : «On voit surtout des masques en tissu, réutilisables, ou n'importe quel tissu, écharpe, turban, que l'on met sur le bas de son visage pour couvrir bouche et nez. En Inde, il y a une tradition d'utiliser différents tissus et turbans pour s'éponger de la chaleur, s'entourer la tête, se couvrir le visage ou les épaules, etc. A Delhi, on ressort aussi les masques N95 qu'on utilise contre la pollution d'hiver.»

Le correspondant de Libé en Inde nous fait également remarquer que l'un des principaux quotidiens du pays, le Times of India, a lancé une campagne, #MaskIndia. Outre la publication de plusieurs patrons pour fabriquer son propre masque, le journal agrège aussi les vidéos de ses lecteurs et lectrices qui se filment en train de fabriquer leurs propres masques avec les moyens du bord (souvent un vêtement noué autour du visage). L'initiative a été saluée sur Twitter par le Premier ministre indien, Narendra Modi.

Japon : le coronavirus renforce les habitudes

Karyn Nishimura : «Au Japon, le port de masque est une habitude très bien ancrée dans les mœurs depuis des décennies comme mesure de protection face aux virus mais aussi en raison des fréquentes allergies aux pollens. Il s'agit de masques chirurgicaux dans la plupart des cas. Le coronavirus n'a fait que renforcer cette habitude. Actuellement, quasiment 100% des passagers des trains et métros de Tokyo portent un masque même si ce n'est pas une obligation. Même s'il est difficile de trouver des masques encore aujourd'hui et ce depuis février, on se rend compte que beaucoup de gens en ont quand même, car ils en avaient en stock à domicile, inutilisés, datant de plusieurs mois ou plusieurs années.»

«Désormais, on voit arriver sur le marché des nouveaux produits, moins performants, poursuit la correspondante de Libération au Japon. Par ailleurs, le gouvernement a décidé d'offrir deux masques en coton réutilisables par foyer, mais ils sont petits et suscitent une grande polémique. Ils sont censés être utilisables au moins vingt fois, mais apparemment rétrécissent au lavage.»

Thaïlande : émergence de masques en tissu

Carol Isoux : «Ici on a toutes sortes de masques. On en portait déjà bien avant le Covid-19 : dès que quelqu'un est un peu malade, il porte un masque dans le métro au ou bureau. La plupart du temps, ce sont des masques chirurgicaux. Mais comme on avait eu récemment des pics de pollution, il y avait aussi beaucoup de masques à filtres en circulation (masques à particules avec un petit filtre sur le côté). On voit dans les quartiers riches des N95 ou des N99. Ce n'est que depuis la crise sanitaire qu'on voit vraiment émerger les masques en tissu, par coquetterie il me semble, car ça permet de l'assortir à ses vêtements. Comme on en produit beaucoup dans la région, il n'y a pas beaucoup de faits maison.»