Qui est Sofia Ilmonen, la gagnante du premier prix de mode éco-responsable du Festival de Hyères ?

Une mode engagée

Née en Finlande, c’est en Angleterre que Sofia Ilmonen débute sa formation de designer. Élève au London College of Fashion, elle se forme au sein de plusieurs maisons, de Thomas Tait à Maarten van der Horst en passant par Minna et Alexander McQueen chez qui elle officiera trois ans. Elle regagne finalement la Finlande en 2018 afin de rejoindre l’université d’Aalto où elle suit un MA en Fashion Design and Textile.

Mais sa mode engagée remonte à bien plus tôt. Entre 2009 et 2011, elle s’illustre notamment chez Cow Vintage, enseigne vintage britannique où elle occupe le poste de directrice du design. Sa mission ? Imaginer des pièces inédites à partir de créations trop abîmées pour être revendues telles quelles. Une influence qui se resurgit fortement quelques années plus tard lorsqu’elle se lance en solo avec une ligne constituée de pièces en matières biologiques, rehaussées de détails confectionnés à partir de chutes de tissus. Quant aux teintures, elles sont 100% naturelles, un procédé auquel la créatrice a toujours recours aujourd’hui. « L’industrie de la mode est sans doute l’une des plus polluantes du monde, nous explique-t-elle à ce sujet. En tant que designer, j’ai le sentiment que c’est mon devoir de repenser les pratiques auxquelles nous avons recours. L’éco-responsabilité est un sujet qui me tient à cœur depuis longtemps et je pense que le futur de la mode tient à un changement global du système, où des innovations stratégiques créent les opportunités de développer des manières beaucoup plus saines et responsables de travailler. »

Une collection de fin d’études hautement plébiscitée

C’est grâce à sa collection de fin d’études que Sofia Ilmonen se fait remarquer. Lors du show Näytös 21 organisé par l’université d’Aalto, elle remporte le Marimekko Award ainsi que le Prix du Finnish Textile and Fashion, qui promeut l’industrie textile locale.

Qui est Sofia Ilmonen, la gagnante du premier prix de mode éco-responsable du Festival de Hyères ?

Le concept de sa collection baptisée « Same Same But Different » ? Une garde-robe 100% modulable et personnalisable, qui permet à sa propriétaire d’adapter le design à sa morphologie et ses envies. Composées de plusieurs carrés d’étoffe identiques, tenus entre eux par des boutons double face imprimés en 3D, les tenues peuvent être montées, démontées et remontées à l’envi. « Les silhouettes de toutes les pièces de la collection sont créées par le pliage et l’assemblage de ces carrés, expliquait récemment la créatrice sur son compte Instagram. Les modules sont assemblés les uns aux autres grâce à un système de boutons et de boucles qui permet de modifier la pièce à l’infini ou de la transformer complètement sans avoir à jamais coudre un seul point. Les blocs du vêtement restent les mêmes, mais la forme peut devenir totalement différente grâce au mouvement d’un seul bouton. » Une ligne hautement innovante, mise au point sur deux ans et dont l’esthétique est inspirée des vêtements amovibles des XVII et XVIIIème siècles. Une ligne, aussi, qui explore les contradictions liées à la mode : « C’est une suite d’expérimentations et de joyaux accidents qui m’a menée à inventer ce concept. L’une de mes idées de base au début du processus de création était la manière dont le concept de mode responsable peut paraître antinomique étant donné que la mode est vouée à changer tandis que l’éco-responsabilité puise ses racines dans la longévité et la stabilité. Partant de ce constat, ma motivation pour créer un concept modulable était d’offrir une alternative plus consciente afin d’anticiper les besoins et goûts changeants des clientes au fil du temps le tout, de la manière la moins matérialiste possible. »

C’est cette collection que la créatrice a également présentée lors de la 36ème édition du Festival de Hyères et qui lui a valu de remporter le Prix de la Collection Eco-Responsable Mercedes-Benz. A la clé, une bourse de 20 000€. « Sofia Ilmonen a été élue à l’unanimité gagnante du Mercedes-Benz Sustainability prize, a expliqué le jury dans un communiqué. Son travail utilise des matériaux sourcés de manière responsable et souvent teints de manière végétale afin d’obtenir les nuances les plus riches. Son concept à base de carrés d’étoffe minimise les chutes et donc le gâchis de matériaux tandis que son approche du design réduit le besoin de sizing et permet aux vêtements de se transformer. » Et la créatrice ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Forte de cette reconnaissance, elle entend bien fonder sa marque à l’horizon 2022. « Mon plan est de continuer mon chemin sur le segment modulable et de parfaire le concept. La prochaine collection aura recours aux mêmes modules d’étoffes mais d’une manière totalement inédite. »

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Hyères de plus en plus vert

Cependant, si c’est la première fois que le Festival de Hyères remettait le Prix de la Collection Eco-Responsable Mercedes-Benz, ce n’était pas la première fois que l’institution mettait en lumière une mode green. En 2018, la marque franco-belge Ester Manas, elle aussi connue pour ses créations taille unique et modulables qui s’adaptent de manière maline à la morphologie de celles qui les portent avait déjà remporté le Prix des Galeries Lafayette. Un tremplin qui lui avait permis de se faire connaître du grand public et de commercialiser sa collection, baptisée Big Again, dans les magasins de l’enseigne.