Le Vitréen Vincent Bruel a créé sa marque et vend ses vêtements 100% français en Chine

Par Florian PuchePublié le
Le Journal de Vitré
Voir mon actu

De la Bretagne à la Chine, il n’y a qu’un pas. Vincent Bruel, originaire de Vitré (Ille-et-Vilaine), a créé sa marque de vêtements 100 % made in France, Frenchaholic, qu’il a développée en Chine et à Hong-Kong où il a vécu pendant 12 ans, avant de revenir en France en janvier 2020.

Il livre son parcours, mais aussi sa vision sur un marché parfois déconnecté de la réalité entre l’Asie et la France.

Le déclic du polo Saint-James

Pourtant, rien ne destinait Vincent, jeune étudiant fraîchement diplômé à l’époque, à partir en Asie. Alors qu’il est en CDD dans une entreprise de sourcing à Châteaugiron, près de Rennes, son patron lui propose de partir en Chine pour un projet d’entreprise : « Je ne parlais pas un mot de chinois et je me suis un peu retrouvé chef de projet là-bas », sourit aujourd’hui le Vitréen.

Après une belle expérience à l’autre bout du monde, Vincent finit par rentrer à Vitré. « En rentrant, j’achète un polo Saint-James. La vendeuse m’assure que c’est fabriqué entièrement en France. Je fais mes petites recherches, je regarde l’étiquette et je me rends compte que c’était fait en Turquie… »

Surpris, Vincent ne veut pas laisser passer l’histoire. Il écrit au service client pour avoir des explications. Mieux qu’un simple mail, c’est le PDG de Saint-James qui va le contacter en personne par téléphone : « Il s’excuse et me propose qu’on aille manger ensemble. » Vincent accepte.

Le rendez-vous est pris. Vincent évoque la Chine avec son interlocuteur puis à la fin du repas, le PDG lui propose d’aller visiter une usine du groupe. Vincent accepte.

À lire aussi

« J’accepte la mission »

À l’issue de la rencontre, le patron du groupe fait intervenir la directrice de l’export du groupe Saint-James. « Je rencontre cette personne et elle me propose d’aller vendre des marinières Saint-James en Chine. Au début, je n’y connais rien dans ce domaine. Elle me promet des formations. J’avais encore des amis en Chine, ça me tentait bien d’y retourner alors j’accepte la mission. »

Et voilà Vincent embarqué dans une nouvelle aventure. Une aventure d’environ deux ans : « Cela m’a permis de rencontrer de gros distributeurs et revendeurs en Chine. » Les contacts sont créés.

Dans le même temps en France, Arnaud Montebourg pose fièrement avec son Moulinex et sa marinière pour vanter les produits français. « Mais à l’époque, il n’y a pas encore grand monde à se saisir du sujet », poursuit Vincent.

« L’origine du produit est primordiale »

Toujours est-il que, grâce à ses connaissances du marché chinois, plusieurs marques françaises le contactent pour vendre leurs produits en Asie comme des espadrilles par exemple : « Le problème, c’est que ces marques ne saisissent pas le fonctionnement du marché asiatique », estime-t-il.

« Les Chinois ne vont pas payer un polo 50 € s’il n’est pas produit entièrement en France.S’ils mettent ce prix, ils veulent la qualité française. L’origine est primordiale. »

Mais comme tout est une question de rencontre, c’est à l’issue de l’une d’elles que Vincent décide de créer sa propre marque. Le premier produit : un polo.

À lire aussi

À Hong-Kong, très vite, la petite marque du frenchie se fait repérer par la presse locale. Mais les ventes peinent à décoller : « C’est un tout petit pays. Là-bas, si on a envie d’acheter quelque chose, on se déplace. Donc les ventes en ligne ne marchaient pas… » Heureusement pour le Vitréen, il avait gardé les contacts des revendeurs chinois : « Ils m’ont sauvé », avoue-t-il aujourd’hui.

« Pour avoir un produit 100 % français, c’est un vrai parcours du combattant «

Il poursuit alors son aventure. Faire du 100 % français et le vendre en Asie. Après le polo, il passe aux pulls, aux marinières, mais se confronte très rapidement à un nouveau problème de taille : « En France, on a perdu beaucoup de savoir-faire. Avec l’arrivée de l’Union européenne, tout le monde est parti. Si bien que pour avoir un produit 100 % français, c’est un vrai parcours du combattant. »

Vincent fouille, cherche les petites usines et les petits ateliers avec des savoir-faire presque disparus. Mais entre 2019 et 2020, l’aventure du Vitréen prend une nouvelle tournure. Les violentes manifestations de Hong-Kong associées à l’arrivée du Covid, le poussent à revenir en France.

À lire aussi

Retour en France anticipé

« Ce n’était pas prévu. On est plus connu à Hong-Kong qu’ici. Ça été une véritable claque de revenir après 12 ans passés en Asie. C’est là que je me suis rendu compte que la France n’avait pas évolué. Il y a un réel décalage entre ce que les gens pensent et la réalité en Chine. Aujourd’hui, en Chine, ils ont de meilleures machines que nous. Le salaire des ouvriers a doublé en 10 ans. Un ouvrier chinois gagne plus qu’un ouvrier qui travaille en Europe de l’est par exemple. »

» Une matière quasi introuvable «

Malgré ce retour forcé à Vitré, Vincent continue sa production. Et d’autres idées fusent déjà dans sa tête : « Le prochain produit sera un sweat fait avec de vieilles machines des années 50 dans une matière quasi introuvable, issue d’un vieux métier à tisser. »

De la Chine à Vitré, Vincent Bruel continue de promouvoir le 100 % français.

Site internet :

www.frenchaholic.com

. Instagram :

Frenchaholic

.

Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Le Journal de Vitré dans l’espace Mon Actu . En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.

Partagez

Le Journal de Vitré
Voir mon actu