Sézane s'excuse après la polémique autour d'une vidéo avec une femme zapotèque au Mexique

Sézane assure n'avoir jamais eu l'intention d'utiliser les photos d'une femme de la communauté zapotèque prises au Mexique pour sa nouvelle campagne. Elles étaient "destinées uniquement au journal backstage de la créatrice", affirme la marque.

La marque française Sézane est vivement critiquée depuis la publication d'une vidéo d'un shooting photo organisé au Mexique. Sur ces images, on peut voir une femme âgée de la communauté zapotèque assise et revêtue d'un gilet vert, photographiée par plusieurs personnes qui parlent en français. Certaines rient et ne portent pas de masque. La femme est ensuite invitée par un membre de l'équipe à esquisser quelques pas de danse, immortalisés par le photographe.

Contactée par BFM Business, la marque parisienne confirme que début janvier, "une partie de l'équipe Sézane est partie dans la région de Oaxaca au Mexique pour photographier l'une de ses futures collections".

"Aucune vocation commerciale"

Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes affirment que la femme zapotèque de la vidéo a reçu 10 dollars pour se faire prendre en photo. Sézane nie en bloc et martèle "qu'aucun paiement n’a été effectué puisque ces photos n’avaient aucune vocation commerciale".

Mais plusieurs éléments de la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux portent à confusion. D'une part, on peut entendre quelqu'un parler, en français, d'un changement de chaussures, comme le suggérerait un styliste sur un shooting photo professionnel.

Par ailleurs, la vieille dame porte un gilet vert semblable à ceux vendus par la marque. Interrogé sur le sujet, Sézane n'a pas souhaité nous indiquer si ce vêtement était ou non issu de sa collection.

La marque parisienne certifie avoir rencontré cette femme "spontanément trois jours auparavant dans les rues de Teotitlán del Valle". Elle aurait alors "accepté de venir partager un déjeuner avec l'équipe Sézane et de participer à la séance photos du journal backstage".

Le Mexique en guerre contre l'appropriation culturelle

L'Institut national des peuples indigènes (INPI) a condamné "l'exploitation de l'image de personnes indigènes de la part de la marque Sézane" et lancé "un appel aux marques et aux entreprises privées pour qu'elles cessent d'exploiter les peuples et les communautés indigènes et afro-mexicaines en tant que capital culturel".

L'organisme officiel annonce vouloir mener une "enquête pour agir conformément à la loi". Le gouvernement de gauche nationaliste a dans le viseur les marques de mode internationales qui plagient la culture et les motifs de l'artisanat indigène dans leurs lignes de vêtements, dénonçant une "appropriation culturelle". En 2020, la créatrice Isabel Marant avait présenté ses excuses, accusée d'avoir copié des motifs pour l'un de ses manteaux.

"Je veux exprimer mes profondes excuses pour mes erreurs", a écrit la fondatrice de Sézane, Morgane Sézalory, dans un message en anglais partagé mardi sur le compte Instagram de l'ONG Lienzos extraordinarios.

"Nous avons entendu, compris que notre approche ait pu heurter la communauté locale mexicaine. Et nous sommes sincèrement désolés qu'elle n'ait pas reflété les meilleures intentions pour la communauté locale pour qui nous avons un profond respect", conclut Sézane auprès de BFM Business.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech