Oui, on peut concilier business et écologie !

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Les Petits Bidons : la lessive qui sauve la planète

Faute de trouver en supermarché une vraie lessive écolo, Cyril Neves, 32 ans, a décidé de créer lui-même une lessive biodégradable, fabriquée en France et sans huile de palme. «Nous avons testé plus de 30 formules en laboratoire avant de trouver la bonne», confie cet ancien chef de produit chez L’Oréal et Danone. Pour faire connaître sa marque, Les Petits Bidons (sa lessive est conditionnée dans de petites bouteilles en plastique 100% recyclable), il a lancé l’an dernier une campagne de financement participatif sur Tudigo. «Nous avons levé 20.000 euros, le double du montant demandé. Beaucoup de personnes nous ont posé des questions sur la lessive, et l’une des contributrices, Margot Luscan (31 ans), est devenue mon associée.» En seulement quatre mois d'activité, plus de 3.500 personnes ont testé leurs lessives, vendues en ligne (12,90 euros le bidon de 1 litre) ou par abonnement (de 12 à 36 euros).

L’entreprise cherche aujourd’hui à améliorer le packaging, «pas encore parfait», pour se diriger vers un système de vrac avec consigne. Les ventes progressent grâce à une communication inventive sur les réseaux sociaux, où la marque est suivie par plus de 10.000 fans. «Il faut communiquer, parler de son projet et ne pas hésiter à demander leur avis aux gens», affirme l’entrepreneur. Alors que 200 machines à laver sont lancées à chaque seconde en France, la petite équipe sait qu’elle a devant elle un énorme marché.

La clé pour que ça marche : proposer aux consommateurs un produit en rupture avec les pratiques polluantes mais qui soit aussi efficace que de la lessive classique.

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Conouco fait pousser ses vêtements en France

C'est après une expérience humanitaire marquante qu'Hugo Lemoine, 33 ans, décide d'entreprendre dans l'écologie. En 2016, ce Breton crée Conouco, une marque de vêtements fabriqués en lin français bio. Il choisit le domaine du textile car «cela permet d’agir aux niveaux économique, social et environnemental». Toutefois, il ne connaît rien au secteur. «J’ai fait toutes les erreurs possibles. Par exemple, je ne me suis pas déplacé pour rencontrer mon premier fournisseur, ce que j’ai regretté par la suite. J’ai découvert sur le tas les corps de métiers impliqués dans la fabrication d’un vêtement et, au départ, beaucoup de banques ont refusé de me soutenir.» Jusqu’au jour où un banquier lui prête 40.000 euros. Cette mise de départ, associée à 12.000 euros levés en financement participatif, lui permet de lancer la production et d’écouler sur son site Internet plus de 700 vêtements, vendus entre 90 et 150 euros.

Après deux années dans le rouge, Conouco vise un premier résultat positif cette année. L’an dernier, un retard dans la production avait plombé la saison estivale, la plus propice au lin. «Il faut s’accrocher et faire des compromis entre nos désirs et la réalité du marché», reconnaît aujourd’hui l’entrepreneur, qui a dû réduire ses coûts de production en limitant le nombre de tissus et en se concentrant sur du lin français et des vêtements fabriqués en Europe plutôt que sur du bio. Hugo mise à présent sur sa nouvelle collection de 45 pièces conçue par Camelia, une styliste roumaine. Dès cet été, les pantalons et les chemises de Conouco rejoindront les étals d'Esperluette, une boutique partagée avec un autre créateur, à Dinard, dans les Côtes-d’Armor, et de plusieurs magasins bio en Bretagne.

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La clé pour que ça marche : admettre que des vêtements fabriqués en Europe avec du lin français sont plus écologiques que des habits en coton bio venus du Bangladesh.

Joone, la couche de confiance

De la transparence là où les jeunes parents en avaient sans doute le plus besoin : c’est le contrat de confiance qui unit Joone à sa communauté de clients. Cette jeune entreprise qui produit des couches pour bébés a en effet cassé les codes d’un business jusqu’ici plutôt opaque. Dans ses produits fabriqués en France, on ne trouve ni substance cancérigène, ni chlore, ni parfum, ni phtalates, ni perturbateurs endocriniens. «La réglementation sanitaire sur les couches est très peu contraignante, explique Carole Juge-Llewellyn, 35 ans, qui a créé Joone début 2017. Nous avons voulu porter un discours de vérité et nous nous sommes imposé des standards très élevés.» Cahier des charges, traçabilité, qualité des matières premières, sourcing exigeant : ces exigences se traduisent par un tarif supérieur au marché d’environ 20%.

Mais la formule séduit, et pas que dans les centres-villes aisés et bobo. D’autant plus après la publication en 2018 par le magazine 60 Millions de consommateurs d’une enquête retentissante sur la toxicité des couches pour enfants, où Joone fut plébiscité. Après avoir réalisé 1 million d’euros de chiffre d’affaires lors de sa première année d’exercice, la société affiche aujourd’hui une croissance mensuelle de 10% et commercialise 2 millions de couches par mois. Elle compte désormais 35 salariés et en recrutera 5 à 8 de plus cette année. Par ailleurs, après avoir été soutenue à ses débuts par l’accélérateur parisien The Family, elle a séduit le fonds d’investissement Alven Capital. Dans ce secteur tendu, on reste discret sur le montant du financement, mais c’est là le seul secret des couches Joone.

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La clé pour que ça marche : si vos produits sont beaucoup plus chers que des produits non bio, soyez transparent sur leur fabrication ; 65% des consommateurs sont prêts à payer davantage pour des produits sains (source : Opinion Way).

Ombrea, l’ombre intelligente

Un aléa climatique a décidé de sa précoce reconversion : fin 2016, promise à une carrière de journaliste, Julie Davico-Pahin, 26 ans aujourd’hui, lâche son CDI sur la chaîne de télévision CNews et rejoint son père, horticulteur à Aix-en-Provence. La sécheresse vient de faire perdre à celui-ci 25% de sa récolte. Le père et la fille ont alors l’idée d’ombrières connectées pour protéger les cultures de plein champ à haute valeur ajoutée, comme les fleurs, la vigne et les fruits et légumes. Un système de panneaux hissés sur des structures légères qui s’ouvrent et se ferment en fonction des besoins d’ombrage et monitorés en permanence par des capteurs installés sur la parcelle. La nouvelle vie de Julie démarre sur les chapeaux de roue : «L’idée a germé en septembre, les statuts d’Ombrea ont été déposés à la mi-octobre et le brevet en décembre», se souvient-elle. Aucun des deux créateurs n’a un profil d’ingénieur ou de commercial. Pourtant, dans le contexte du réchauffement climatique, l’idée plaît.

Accompagnés par la pépinière aixoise Cleantech, ils obtiennent 650.000 euros de banques et de France Initiative. «Grâce à eux, nous avons pu développer notre technologie en interne en recrutant des profils techniques en 2017 et en 2018 : des informaticiens, des docteurs en biologie, des ingénieurs en mécanique. Ça nous a permis de présenter des résultats fiables et d’entamer une commercialisation fin 2018», raconte la jeune femme. La bonne connaissance de son père du monde agricole, un partenariat avec la Société du Canal de Provence et leurs multiples contacts constituent de solides atouts : ils viennentde lever 1 million d’euros auprès de business angels, du Crédit Agricole et de la Région.

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La clé pour que ça marche : effectuez la promesse la plus forte possible (maîtriser les aléas climatiques, par exemple) et tenez-la.

UV Boosting remplace les pesticides par des UV

Les végétaux peuvent-ils devenir plus résistants grâce à un «bon» stress ? En 2012, des recherches du laboratoire de physiologie des fruits et légumes de l’Université d’Avignon permettent de l’affirmer, et conduisent à un dépôt de brevet. Le principe : soumettre les végétaux à un rayonnement ultraviolet contrôlé pour stimuler leurs défenses naturelles. L’intérêt de la méthode est la réduction de façon drastique les traitements chimiques nécessaires à leur culture. «En viticulture, nos tests ont montré que les UV peuvent réduire de 50% l’apport de produits phytosanitaires, précise Yves Matton, qui dirige UV Boosting, la société créée pour développer et commercialiser cette idée novatrice. Pour les fraisiers sous serre, nous constatons que le traitement par UV supprime presque tous les entrants chimiques.» UV Boosting a été montée en 2017. Un premier tour de table de 280.000 euros a assuré le démarrage des phases de test, sur un site puis sur cinq, l’année dernière.

L’entreprise compte aujourd’hui 15 employés (des profils tech et experts, en biologie, ingénierie et en optique). Un nouveau tour de table, de 2,2 millions d’euros provenant de family offices et de 1,4 million de l’Ademe, va lui permettre de poursuivre son développement. Le secteur viticole se dit intéressé par cette façon de cultiver de raisins respectueux de l’environnement qui fait l’économie de produits phytosanitaires coûteux. «Nous avons perçu une forte volonté de changement de la part de ces professionnels», confirme Yves Matton. Le dispositif prendra la forme de rampes lumineuses montées sur les engins agricoles. La commercialisation est prévue pour le début de l’année prochaine.

La clé pour que ça marche : montrer à vos clients que les pratiques écologiques peuvent faire diminuer leurs coûts de production.

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Nok Boards, des snowboards en économie circulaire

Fins de série, produits défectueux, prototypes, etc., les fabricants de snowboards ont toujours des planches à jeter. Sensibles à ce gaspillage, Adrien Réguis, 39 ans, et Vincent Gelin, 31 ans, ingénieurs R&D chez Rossignol, ont l’idée de récupérer les pièces vouées à la benne pour en faire des skateboards «eco-friendly». Fin 2017, ces deux passionnés de sports de glisse quittent leur employeur et créent NoK Boards à Grenoble. Après une première campagne de financement participatif réussie sur Ulule (20.000 euros de précommandes récoltés), ils commencent la production de planches à roulettes issus de snowboards recyclés. Très vite, les premiers obstacles surgissent. «Le plus compliqué a été la mise en place d’une organisation semi-industrielle, alors que chaque planche demande un traitement spécifique», raconte Adrien Réguis.

Au bout de plusieurs mois, l’équipe, accompagnée par l’incubateur Ronalpia, parvient à monter un circuit de production cohérent en s’appuyant sur des ressources locales. Un sous-traitant spécialisé prend en charge la découpe des snowboards. Dans leur atelier de 180 mètres carrés, les deux associés s’occupent du reste de la fabrication. L’assemblage des roues et le conditionnement sont confiés à une entreprise d’insertion grenobloise. Et la production est vendue sur leur site Internet et dans plusieurs boutiques ou e-commerces spécialisés. Trois cents planches ont trouvé preneur en 2018. Pour développer son activité, le duo réfléchit à la fabrication de petit mobilier (tabourets, tables basses, etc.) issu lui aussi de snowboards en fin de vie. Objectif : dépasser les 100.000 euros de chiffre d’affaires cette année.

La clé pour que ça marche : Pour créer une filière de production à partir de rien, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner et à y consacrer plusieurs mois de travail.

Hostabee, la ruche connectée au secours des abeilles

C’est au lycée agricole de Coucy-la-Ville (Aisne) que Maxime Mularz, 38 ans, alors professeur de mathématiques, découvre l’apiculture. «L’établissement possédait quelques ruches dont les abeilles mouraient. L’idée de créer une ruche connectée a germé dans ma tête», raconte-t-il. A partir de 2014, il développe un premier prototype de capteur permettant de contrôler depuis un ordinateur ou un smartphone la température et l’humidité à l’intérieur d’une ruche. Convaincu du potentiel commercial de son invention, il fonde Hostabee en 2015, avec deux entrepreneurs locaux et 137.000 euros de subventions européennes en poche. Chaque capteur est vendu 96 euros et coûte 3 euros par mois, après la première année d’utilisation.

En trois ans, la start-up de Saint-Quentin a touché environ 300 apiculteurs, qui ont commandé plus d’un millier de modules connectés. Reste que le marché français, estimé à 2.000 professionnels actifs, paraît étroit, sachant qu’il existe déjà une trentaine de solutions de ruches connectées. Avec six salariés, l’entreprise a tenu le choc grâce à l’apport de nouveaux investisseurs en 2017 (pour un montant de 150.000 euros) et au soutien de Bpifrance et du département. Elle espère vendre 2.000 capteurs cette année. Mais l’international reste sa meilleure carte, notamment les Etats-Unis. D’ailleurs, l’une de ses grandes fiertés est d’avoir équipé les ruches de Google, à Mountain View, en Californie. Un bon début.

La clé pour que ça marche : si vous êtes sur une niche très encombrée, regardez vers l’exportation ; les problèmes environnementaux rencontrés en France existent aussi à l’étranger.

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