L'Inde veut adopter l'interdiction pure et simple des cryptomonnaies

Entre la régulation des échanges de cryptomonnaies et l'interdiction pure et simple, le gouvernement indien a tranché. Alors que plus de 100 millions d'Indiens utilisent les monnaies virtuelles, plaçant l'Inde à la quatrième place en terme d'adoption derrière les États-Unis (selon les chiffres du portail d'investissement BrokerChooser), le gouvernement va présenter une loi pour interdire ces cryptomonnaies privées et créer un cadre, a annoncé le Parlement mardi. L'Etat aux 1,3 milliard d'habitants emboîte ainsi le pas de la Chine où la banque centrale a déclaré illégales toutes activités autour de ces actifs qui reposent sur le protocole décentralisé et sans intermédiaire de la blockchain.

Dans la foulée, avec ce projet de loi, l'Inde veut accélérer sur sa propre monnaie numérique contrôlée par la banque centrale lorsque les parlementaires seront de retour la semaine prochaine, a indiqué le Parlement. Annoncé en début d'année, la loi doit fixer "un cadre de facilitation pour la création de la monnaie numérique officielle qui sera émise par la Banque de réserve de l'Inde (RBI)."

Cette fois, la loi proposée "cherche à interdire toutes les cryptomonnaires privées en Inde, cependant, elle permet certaines exceptions pour promouvoir la technologie sous-jacente des cryptomonnaies et ses utilisations", selon le bulletin du Parlement pour ses activités à venir.

Une première interdiction et le boom du secteur auprès des jeunes

En 2018, la banque centrale indienne avait déjà interdit les transactions en cryptomonnaies, telle le bitcoin, dans un délai de trois mois. Mais en mars 2020, la Cour suprême avait autorisé les banques à gérer les transactions en cryptomonnaies des bourses et des commerçants, annulant l'interdiction.

L'Inde veut adopter l'interdiction pure et simple des cryptomonnaies

Depuis, le secteur a connu un boom, de nombreux jeunes du pays ayant succombé à des publicités des stars de Bollywood et du cricket. Le marché des monnaies virtuelles, basé principalement sur des activités de spéculation, a explosé de plus de 600% sur les 12 derniers mois, selon le cabinet spécialisé Chainalysis. L'encourt total de ces actifs se chiffre ainsi en milliards de dollars.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a d'ailleurs alerté les jeunes sur les risques que présente le bitcoin. "Il est important que toutes les nations démocratiques travaillent ensemble sur ce sujet (les cryptomonnaies) et veillent à ce que ça ne finisse pas dans de mauvaises mains, ce qui pourrait corrompre nos jeunes", a-t-il déclaré lors d'un forum en ligne sur la cybersécurité organisé par l'Australian Strategic Policy Institute.

De même, le directeur de la Reserve Bank of India, Shaktikanta Das a déclaré la semaine dernière que les cryptomonnaies constituent une menace sérieuse pour le système financier si elles ne sont pas correctement réglementées.

Les autorités centrales haussent le ton

Le contrôle du pouvoir monétaire est un enjeu crucial pour les autorités centrales. Un peu plus tôt, alors que le Salvador vient d'annoncer sa volonté de bâtir une ville entièrement dédiée aux échanges en bitcoin, le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde le petit Etat d'Amérique central "compte-tenu de la haute volatilité du bitcoin".

Lors d'une conférence sur le bitcoin en Amérique latine, le président Nayib Bukele a expliqué que la Bitcoin City "inclura(it) tout: des quartiers résidentiels, d'autres commerçants, des services, des musées, des lieux de loisirs... des aéroports, des ports, des trains". Il a qualifié sur Twitter la publication du FMI d'"intéressante" analyse de son pays.

Le cours du Bitcoin ne semblait pas affecté par cette annonce, la cryptomonnaie progressant de 2% mardi, à plus de 56.900 dollars l'unité.

(Avec agences)

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latribune.fr

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