Interview Julien Jané : "On a tous une date de péremption, donc autant bien préparer la transition"

Par Simon GalinierPublié le
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Lassé physiquement, mais surtout mentalement, par les contraintes du rugby professionnel, l’ancien ailier d’Agen, Julien Jané, s’est retiré des terrains de Top 14 en juillet dernier. À bientôt 32 ans (le 12 septembre), il ne regrette pas d’avoir raccroché les crampons, bien au contraire.Interview Julien Jané : Interview Julien Jané :

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Il faut dire que l’ex-international à 7 (91 sélections), formé à Béziers puis passé par le Racing 92, Bayonne et le SUA, s’épanouit désormais avec le projet d’une vie, son entreprise Maju Nutrition, fondée avec un ami et associé, tout en validant en parallèle un Master 2 en Business manager stratégie et développement international au sein de la prestigieuse Toulouse Business School. Entretien avec ce jeune entrepreneur qui a de la suite dans les idées.

Actu : Comment vivez-vous votre récente fin de carrière ?

Julien Jané : Franchement, la transition n’a pas été difficile, car je me suis beaucoup préparé et que j’ai bien anticipé ma reconversion. Après, c’est vrai que cela reste compliqué de changer de vie et surtout d’en arrêter une, celle de rugbyman professionnel. Je suis passé par des périodes émouvantes, mais je me suis aussi fait une raison. Quoi qu’il arrive, on sait que l'on a tous une date de péremption, donc autant bien préparer sa transition.

On parle souvent de "petite mort" au moment où un sportif de haut niveau stoppe sa carrière, mais cela ne semble pas être votre cas...

J.J : Si je vous dis que non, ce serait mentir. Bien évidemment que ce sont beaucoup de souvenirs, d’émotions et de moments passés, car c’était une vie incroyable à 300 km/h. On ne se rend pas compte de la densité et de la richesse de ce que l’on peut vivre quand on est joueur de rugby professionnel. Quand tout s’arrête, c’est sûr que l’on peur de ce manque et que l'on ne sait pas trop comment cela va se passer. Même si on a anticipé et que l’on a commencé à mettre un pied dans l’autre monde, on a quand même une part de doute et de peur. Mais dans l’ensemble, je suis content et je n’ai vraiment aucun regret, car j’avais besoin de raccrocher les crampons.

Justement, quelles sont les raisons qui vous ont poussées à dire stop ?

Interview Julien Jané :

J.J : Physiquement, j’aurais pu continuer, j’en étais capable, mais c’est surtout mentalement que je n’en avais pas envie. Je voulais faire autre chose. Je m’étais toujours dit que dès que le plaisir commencerait à disparaître, j’arrêterais et je me tournerais vers un autre projet qui m’épanouirait plus. Mentalement, je n’étais plus apte à continuer le rugby à haut niveau. Cela demande une exigence que je ne pouvais plus atteindre. Le rugby évolue aussi dans un sens et moi, en tant qu’homme, j’ai évolué dans un autre, donc il fallait que je fasse autre chose. Surtout, j’avais très envie de me lancer dans mes projets et dans le monde entrepreneurial qui m’apportent des émotions comparables. J'ai donc senti que c'était le bon moment pour arrêter. Je ne voulais pas faire la saison de trop. C’est mieux d’arrêter tant que l'on n'est pas trop cassé et que ça va encore à peu près plutôt que de continuer et de s’essouffler, même si ma dernière saison au SUA ne s’est pas très bien passée au niveau comptable, je garde d'excellents souvenirs.

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À cet égard, conservez-vous une pointe d'amertume d'avoir achevé votre carrière par une saison aussi chaotique ?

J.J : C’est sûr que cela aurait été mieux de terminer dans d’autres circonstances, mais c’est comme ça... Ce que je retiens avant tout, ce sont toutes les personnes que j’ai pu rencontrer et croiser à Agen et qui m’ont beaucoup apporté, que ce soit les joueurs, les membres du staff, le personnel administratif ou les supporters. Tous ces gens m'ont permis d’évoluer et de me construire en tant qu’homme. Je conserve donc ces belles rencontres et ces bons souvenirs plutôt que les deux dernières saisons galères que l’on a pu vivre.

Envisagez-vous de prendre une licence au niveau amateur dans un club de l'Agenais, en tant que joueur ou dirigeant ?

J.J : Non, ce n’est pas du tout dans mes plans. Reprendre une licence de joueur amateur, c’est sûr que c’est non. Après, s’il faut donner un coup de main, je le ferai, même si je n’ai pas les compétences ni les capacités pour le faire. Entraîner non plus, cela ne m’a jamais intéressé.

Maintenant, parlez-nous de votre nouvelle vie professionnelle et du lancement de votre société Maju (contraction de MAnger JUste)...

J.J : C’est une histoire d’amitié entre un copain diététicien biterrois, Matthias Vidal, et moi-même. On se connaît depuis l'âge de 13 ans et on a joué au rugby ensemble à Béziers (Pro D2). Après avoir prématurément arrêté sa carrière professionnelle en raison de blessures à répétition, il s'est consacré à sa passion, la nutrition, en ouvrant son cabinet de diététicien à Béziers. Au cours de ma carrière, il m'a toujours suivi et conseillé sur l’exigence de la nutrition liée aux sportifs professionnels. Et cela faisait très longtemps que nous avions relevé des difficultés et des pénibilités pour compter les calories et peser les aliments. Du coup, un beau jour, on s’est dit qu’il fallait inventer quelque chose pour simplifier l’équilibre alimentaire, afin que toutes les personnes puissent attendre leurs objectifs plus facilement, sans se prendre la tête. D'où la naissance de Maju Nutrition, il y a près de deux ans et demi.

Concrètement, comment se présente votre concept Maju Nutrition ?

J.J : Nous avons déposé un brevet et nous avons un site internet (maju-nutrition.com) avec un algorithme qui permet de générer des programmes nutritionnels personnalisés afin d'accompagner au mieux les utilisateurs. Le principe est simple. L'utilisateur se rend sur notre site internet et effectue un bilan en répondant à plusieurs questions sur ses habitudes alimentaires et ses objectifs. Une note en découle. Elle permet d'évaluer l'utilisateur, mais surtout de progresser. Ensuite, on lui envoie notre élément principal, un bol compartimenté et réglable, ainsi qu'un programme nutritionnel personnalisé qui va lui permettre d’atteindre ses objectifs facilement et durablement. Notre bol permet de se composer automatiquement un repas parfaitement adapté et équilibré à ses besoins. Du coup, ça permet de ne plus avoir à peser les aliments et à compter les calories. Il suffit de manger dans le bol qui lui-même règle les bonnes quantités et rations adaptées à nos propres besoins. C'est une solution innovante pour manger juste et les premières pré-ventes viennent d'être lancées sur notre site e-commerce.

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